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Les champignons magiques que vous consommez poussent-ils vraiment sur des excréments?

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Gabriel Ouimet

2023-06-28T17:01:15Z
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L’idée selon laquelle les champignons hallucinogènes poussent sur des excréments est très répandue. En réalité, il y a toutefois peu de risque que ceux que vous consommiez proviennent de matière fécale, même si des champignons magiques se développent effectivement dans ces conditions. Mais alors, où poussent-ils?

Judith Noël-Gagnon insiste d’entrée de jeu: elle n’est pas une experte en champignons magiques. La directrice et copropriétaire de la Mycoboutique, un magasin de Montréal spécialisé dans tout ce qui touche les champignons, s’y intéresse néanmoins depuis longtemps. 

Des champis sauvages au Québec

Commençons par rappeler que quand on parle de champignons «magiques», on fait référence aux variétés de champignons qui ont des propriétés psychédéliques provenant d’éléments psychotropes, notamment la psilocybine et la psilocine. 

Il existe plus de 200 types de champignons magiques dans le monde, dont plus d’une dizaine de variétés qui poussent naturellement au Québec, souligne Judith Noël-Gagnon.

«Le psilocybe semilanceata, c’est celui que l’on retrouve le plus en nature. Il est beaucoup cueilli sur la côte ouest-canadienne. On en trouve également aux îles de La Madeleine et en Gaspésie. Un client m’a aussi raconté qu’il y en a des champs remplis au Nouveau-Brunswick», affirme-t-elle. 

Le psilocybe semilanceata, qui est parmi les plus puissants hallucinogènes, a toutefois la réputation d’être difficile à cultiver à l’intérieur. Ils se font donc très rares sur les sites web qui vendent illégalement de champignons magiques au Canada. 

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Et aux cueilleurs en herbe qui seraient tentés d’aller à la chasse aux champignons magiques, Judith Gagnon-Noël émet cet avertissement: certaines variétés peuvent facilement être confondues avec des champignons toxiques, qui sont parfois mortels. 

«Il faut vraiment bien connaître ce que l’on cherche», insiste-t-elle. 

Des champignons cultivés sur des excréments?

Si vous voyez quelqu’un manger un champignon bleu en se pinçant le nez dans un party, il s’agit fort probablement d’un psilocybe cubensis, le sous-groupe le plus rependu et le plus populaire de champignons magiques.

«Ce sont les plus couramment cultivés et consommés. Une de leur caractéristique, c’est qu’ils vont souvent devenir bleus en séchant, en raison de l'oxydation de la psilocybine et de la psilocine», souligne-t-elle.   

Des champignons psilocybe cubensis
Des champignons psilocybe cubensis Photo stock.adobe.com

Et comme le veut la croyance populaire, ces champignons peuvent effectivement se nourrir d’excrément d’animaux, comme des déjections de vaches, quand ils poussent l’état sauvage. Mais ils leur arrivent aussi de poussée dans les champs, tout simplement. 

Quand ils sont issus d’une culture, ce qui est le cas de la majorité des psilocybes consommés à des fins récréatives et vendus sur le web, les champignons n’ont généralement pas été en contact avec des excréments, précise Judith Noël-Gagnon.   

«Les psilocybes poussent très bien sur des composés organiques. Les plus utilisés sont le coco pressé ou encore la sciure de bois», souligne la détentrice d’un bac en biologie.

Ce que dit la loi

À titre de rappel, malgré la facilité avec laquelle on peut acheter du mush, la production, la vente et la possession de psilocybine sont illégales et criminalisées au Canada. Cette substance fait partie de l’annexe III de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, et une offense peut occasionner un emprisonnement maximal de trois ans (possession) ou de dix ans (trafic).

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