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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Le Carnet de Karine: Sylvain Croteau combat la violence dans le sport

Sylvain Croteau
Sylvain Croteau Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Karine Gagnon

Karine Gagnon

2024-11-12T05:00:00Z
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Chaque semaine, la chroniqueuse et journaliste Karine Gagnon vous convie à une grande entrevue avec une personnalité marquante de la Capitale-Nationale.


Amoureux du sport depuis sa plus tendre enfance, Sylvain Croteau a décidé de consacrer sa carrière, depuis bientôt 10 ans, à prévenir et à contrer la violence et les abus dans ce monde qui, dans un contexte sain, peut apporter tellement de bénéfices chez les jeunes.

L’organisme Sport’Aide, unique en son genre, a été cofondé avec cet objectif par M. Croteau et l’athlète Guylaine Dumont en 2015.

Son mandat a été élargi, depuis quelques années, aux loisirs et au plein air. Le tout consiste en un service d’écoute et d’accompagnement virtuel, gratuit et confidentiel, qui est offert 24 heures par jour, sept jours sur sept.

On s’adresse autant aux sportifs qu’à leurs parents ou à toute personne qui constate une situation ou qui la vit.

Basé à Québec

Sport’Aide est basé à Québec, une grande fierté pour M. Croteau. «La saine distance entre l’organisme et les organisations et les fédérations sportives est souhaitable», estime M. Croteau. Autrement, «ce serait très facile de les voir atterrir dans nos bureaux très et trop souvent [...] Sport’Aide est indépendant et on y tient».

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Originaire de Val-Alain, Sylvain Croteau y a habité jusqu’à l’âge de 17 ans. Il se souvient d’avoir regardé différents matchs avec trois télévisions et parfois la radio pour écouter les Expos. «Mes parents diraient que c’en était presque maladif», relate-t-il en riant.

Il a étudié la presse écrite au cégep de Jonquière. Il adore écrire et a d’ailleurs publié quelques livres pour enfants et une biographie. Il donne un coup de main à Geneviève Jeanson, l’une des porte-parole de Sport’Aide, pour l’écriture de sa biographie. D’autres projets s’en viennent.

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

Il a fait ses débuts comme rédacteur sportif à la radio de Radio-Canada, puis s’est orienté vers l’événementiel.

En 1991, il s’est installé à Québec pour étudier à l’Université Laval et travailler avec les Nordiques de Québec. Il est demeuré avec l’équipe durant quatre saisons, soit jusqu’à leur avant-dernière année dans la capitale.

Il a beaucoup travaillé aux côtés de Jean Martineau et Jean D. Legault, aux communications, à la rédaction du magazine, à l’organisation de promotions et à la vente d’abonnements. «J’ai connu les différents rouages d’une organisation importante. Ç’a été formateur. Des fois, j’aimerais reculer dans le temps, car ça m’a aussi fait perdre certaines illusions que j’avais par rapport au sport professionnel», regrette-t-il.

Il s’est aperçu que les équipes, c’était aussi «une grosse business». Il a été témoin des coulisses de l’affaire Éric Lindros et il a vu venir le grand départ des Nordiques, survenu en 1995.

Un exemple manquant

Puis, après un passage de quelques années chez Hydro-Québec et quelques autres engagements, il a ressenti le besoin de prendre une pause, épuisé. C’est là qu’a germé l’idée de créer un organisme qui viendrait en aide aux athlètes.

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En voiture, il a entendu à la radio Guylaine Dumont, l’une des plus grandes volleyeuses qu’a connues le Canada, parler d’un tournoi qui aurait lieu à Québec. «Je l’entends et je me dis: elle a vécu quelque chose qui s’apparente à une dépression.»

Il s’est mis à sa recherche et est parvenu à la retracer et à la rencontrer. Ils se revoient à quelques reprises et un jour, elle lui a confié avoir vécu de la violence et des abus de la part d’entraîneurs.

«Je lui dis: “Mais pourquoi tu n’as pas demandé d’aide?” Et elle me dit: “Mais il n’en existe pas d’aide.” [...] C’est à partir de ce moment-là qu’on a réuni une dizaine de personnes autour de nous, de différents milieux, et on a commencé à imaginer [...] ce que pourrait être Sport’Aide pour l’écosystème du sport.»

Coup d’envoi

Des liens ont été tracés aussi avec le gouvernement. Les organisations n’avaient pas d’outils et ne savaient pas comment intervenir.

Puis, l’histoire des skieuses canadiennes abusées par leur entraîneur Bertrand Charest a fait surface. «Ç’a été comme le coup de vent dans les voiles. Nous, on était prêts.»

Le gouvernement du Québec a confié un premier mandat à Sport’Aide. Dès mai 2018, des activités, ateliers et programmes éducatifs ont été développés, afin de rendre les organismes autonomes pour intervenir lorsque des cas se présentent.

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

En vue des 10 ans de Sport’Aide, en janvier, on travaille aussi à documenter le sujet afin de mieux cibler les programmes et d’améliorer les services d’aide. L’an passé seulement, 1800 interventions ont été répertoriées, contre 1500 l’année précédente. C’est exponentiel.

Partout dans le monde

Puis M. Croteau est appelé à se déplacer un peu partout au Canada et dans plusieurs pays afin d’expliquer le concept de Sport’Aide. Il y a quatre ans, le Conseil de l’Europe l’a approché pour siéger à son comité Sport sain et sécuritaire. Il est devenu le seul nord-américain à y siéger.

M. Croteau souligne à quel point le sport peut être positif lorsque l’environnement est sécuritaire. Il rappelle qu’un jeune sur trois quitte le sport chaque année au Québec avant d’avoir atteint le secondaire.

Le caractère innovateur de Sport’Aide, «c’est une fierté, souligne son cofondateur. On est en avance, mais ce n’est pas une raison pour s’asseoir sur nos mains. Il y a encore beaucoup à faire».

Si vous avez besoin d’aide: sportaide.ca


À ne pas manquer, mercredi soir à 20h30 sur les ondes de MAtv (chaîne 9 (Hélix et illico), 609HD (illico)), l’émission Le Carnet de Karine à propos de Sylvain Croteau.

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