Les Capitals, ce n'est pas l'Armée rouge et ils ne devaient pas non plus faire les séries

Plus expérimenté, plus fort, plus gros, plus vite, plus talentueux... j’ai l’impression que le Canadien affronte l’Armée rouge quand j’entends tout ce qui se dit sur le jeu des Capitals.

Que Lars Eller a les mains de Sergei Makarov, qu’Anthony Beauvillier a la vision d’Igor Larionov et que Nic Dowd a le tir de Vladimir Krutov.

Je me dis qu’avant le match de mercredi soir, Martin St-Louis dira à ses joueurs: «Si on les affronte 10 fois, ils vont nous battre neuf fois, mais pas ce soir!» Il n’aura pas le choix d’imiter le discours de Herb Brooks avant le match du miracle sur glace de 1980 entre les États-Unis et l’Union soviétique.

Avant la saison, on avait demandé aux 33 experts hockey du Journal et de TVA Sports qui allait faire les séries. Il y en a cinq qui ont placé les Capitals dans les éliminatoires. Un dans la gang les a même placés derniers de la section Métropolitaine.

Je ne vais pas le nommer. Ce serait un peu chien.

Disons seulement qu’il anime une quotidienne à TVA Sports sur l’heure du souper.

Accepter de perdre

J’ai tellement entendu ou lu des partisans rappeler que même si le CH perd, il n’y a pas de problème. Que l’équipe ne devait même pas être en séries. Que c’est un bonus, de l’apprentissage, le processus, le plan...

Les Capitals ne devaient pas tant que ça être en séries non plus. Et je suis pas mal sûr qu’aucun de leurs partisans ou quiconque dans l’organisation ne voit cette série comme un bonus où la défaite ne serait que formatrice.

Mon point, c’est qu’on dirait qu’on oublie que Washington est battable. Comme si on était aveuglés par la gueule carrée de Tom Wilson.

Les Capitals, c’est le club qui est rentré en série par la porte d’en arrière l’an dernier et qui s’est fait éclater en quatre matchs contre les Rangers.

C’est un club qui a seulement trois points de plus que le Canadien depuis Noël. Montréal donne aussi moins de buts par match que Washington depuis. Il faut toutefois considérer que les Capitals ont été sur le pilote automatique durant le dernier mois.

C’est un club qui a eu un avantage numérique moyen cette année (14^e dans la LNH), trois points de pourcentage de mieux que le Canadien (21^e).

Oui, les Capitals se sont améliorés à la date limite des transactions, et pas le Canadien. Mais encore là, ils sont allés chercher deux gars de 25 points, pas Pavel Bure. J’aime bien les types de joueurs comme Lars Eller et Anthony Beauvillier. Mais ils ne gagneront pas le Conn-Smythe.

Les Caps ont franchi la deuxième ronde seulement une fois depuis sept ans, comme le CH.

Un club solidement rapiécé

Washington a été rapiécé et a surpris le monde du hockey cette année.

Jakob Chychrun a recommencé à savoir comment jouer au hockey. Dix ans après son repêchage, Dylan Strome joue finalement comme un troisième choix au total après plusieurs années décevantes à Chicago et en Arizona.

Pierre-Luc Dubois a relancé sa carrière avec 26 points de plus qu’avec les Kings. À 33 ans, Trevor van Riemsdyk a soudainement connu la meilleure saison de sa carrière, avec son différentiel de +20.

Derrière Ovechkin, Wilson, Dubois et John Carlson, c’est le jeune géant Aliaksei Protas qui a aussi traîné l’équipe, passant de six à 30 buts en un an. À 24 ans, Connor McMichael est aussi un moteur de l’attaque. Choisi 25^e, car il n’était pas très grand en 2019, il devient un des meilleurs joueurs de sa cohorte.

Bref, ça fait un beau mélange. Mais ne me parlez pas d’une équipe expérimentée ou aguerrie, sans faille et qui a tout pour se rendre jusqu’au bout. C’est un club brillamment rapiécé par les dépisteurs amateurs et professionnels.

Ça pourrait être 3-1

Et pour un club qui a fini au premier rang et qui affronte le huitième, c’est loin d’être convaincant jusqu’ici. Les statistiques avancées de Moneypuck calculent qui méritait de remporter chaque match. J’aime ça, car ça permet de mieux comprendre un match sans se laisser influencer par le résultat.

Pour deux matchs, c’est pas mal 50-50. Le match numéro deux est 71% à l’avantage des Caps et le match numéro trois est 86% à l’avantage de Montréal. Autrement dit, le Canadien pourrait très bien mener cette série 3 à 1.

Je n’achète pas du tout que le CH ne devrait pas être déçu de perdre en cinq. Qu’il faudrait accepter sereinement la défaite. Un peu de colonne! Montréal est capable de jouer avec Washington.