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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Les Canadiens devant un choix déchirant

Photo AFP
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Photo portrait de Yasmine Abdelfadel

Yasmine Abdelfadel

2025-03-24T04:00:00Z
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La campagne électorale est lancée. Le 28 avril, les Canadiens auront à trancher entre deux visions, deux styles, deux bulles.

D’un côté, Mark Carney. L’ancien banquier central, messie économique des libéraux. Son CV fait frissonner les Bay Street de ce monde. Harvard. Goldman Sachs. Banque du Canada. Banque d’Angleterre. On dirait un personnage créé en laboratoire pour rassurer les marchés. Mais politiquement? C’est un néophyte. Il n’a jamais mis les pieds aux Communes. Jamais accroché une pancarte. Jamais pris une volée en congrès politique. Bref, il connaît la finance comme sa poche, mais la politique, il la découvre sur le tas. Et ça, dans un pays à bout de nerfs, ça pourrait coûter cher.

Batailleur

De l’autre, Pierre Poilievre. Vétéran conservateur, machine à slogans, champion du langage simple et facile à comprendre. Il harangue, il attaque, il martèle. Il a su exploiter la colère d’un électorat exaspéré par l’inflation, les hausses de taux, l’impression que tout coûte trop cher et que rien ne fonctionne. Son populisme n’a rien d’un accident: c’est une stratégie parfaitement huilée. Poilievre sait comment jouer les émotions, comment faire vibrer la corde sensible. Mais derrière l’orateur habile se cache un homme qui n’a connu que la politique. Zéro expérience dans le privé, dans l’action communautaire, dans la vraie vie. Il vit dans la bulle d’Ottawa et ne peut mettre de l’avant d’autre expertise.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Raison versus passion

Alors, qui choisir? Un technocrate brillant, mais vierge de toute bataille politique? Ou un politicien aguerri, maître de la ligne punchée, mais sans bagage hors du Parlement?

Ce n’est pas une simple opposition de visions. C’est une opposition entre deux solitudes: celle des élites financières et celle de la machine partisane. Entre une expertise froide et un flair redoutable. Entre deux bulles qui ne parlent pas le même langage.

L’électeur est devant un choix déchirant, il voudrait probablement d’une option qui allie tant l’expertise que le flair. Mais pour ça, il faudra attendre.

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