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L'article provient de TVA Nouvelles

Les bombardiers d’eau sont nés du génie aéronautique québécois

En vedette dans le ciel de Los Angeles au début de 2025, les «avions-pompiers» ont été conçus et assemblés dans la région de Montréal

Un Canadair CL-215 en action en Espagne.
Un Canadair CL-215 en action en Espagne. Wikimedia
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2025-01-25T05:00:00Z
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Ils remplissent à fleur d’eau et en 12 secondes leur citerne et déversent plus de 5400 litres d’eau sur les feux de forêt à chaque voyage; ces avions-pompiers uniques au monde ont été entièrement conçus et assemblés au Québec.

«En France, on les appelle tout simplement les Canadair et ils ont une excellente réputation pour lutter contre les feux de forêt. Malheureusement, on n’en produit plus et ce serait presque impensable de relancer ce modèle», commente le professeur Éric Laurendeau, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en modélisation et contrôle de l’aérodynamique instationnaire des aéronefs.

Un CL-215 en 1971.
Un CL-215 en 1971. Aviadejavu

Le premier vol d’un CL-215 a eu lieu en 1967 et une dizaine de pays en ont acquis. Exactement 125 appareils sont sortis des usines de Canadair (aujourd'hui Bombardier), à Ville Saint-Laurent. Un nouveau modèle amélioré, le CL-415, a été mis en service en 1993, et il a eu autant de succès que son prédécesseur. Lancés au coût de 37 M$, 95 exemplaires ont été vendus jusqu’à la fin de la production en 2015.

Un bombardier d’eau en construction à Montréal en 1976.
Un bombardier d’eau en construction à Montréal en 1976. Aviadejavu

Défi technique

L’idée de concevoir un avion-citerne capable de vider sa cargaison sur un feu provient de projets réalisés aux États-Unis et en Colombie-Britannique après la guerre avec d’anciens bombardiers de l’armée. Mais la conception d’un avion à partir des plans s’est bel et bien déroulée sur les planches à dessin de Montréalais.

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Les bombardiers d’eau sont souvent mis en service dans des pays voisins. Ici, un CL-415 grec en Israël en 2010.
Les bombardiers d’eau sont souvent mis en service dans des pays voisins. Ici, un CL-415 grec en Israël en 2010. Wikimedia

Inspiré d’un hydravion à coque (semblable à celle d’un bateau), le bombardier d’eau présente d’immenses défis de conception, souligne M. Laurendeau. Le centre de gravité doit être soigneusement calculé sinon l’aéronef risque de piquer du nez ou d’être incapable de se remplir.

Les bombardiers d’eau comme celui-ci, en opération en Alaska, peuvent se ravitailler en 10 secondes.
Les bombardiers d’eau comme celui-ci, en opération en Alaska, peuvent se ravitailler en 10 secondes. Wikimedia

«Tout ça repose sur quelques pieds à peine au centre du fuselage», mentionne l’expert, qui exprime beaucoup d’admiration pour les pilotes de ces engins de 19 tonnes qui survolent des zones enfumées et aux fortes turbulences, en raison des flammes.

L’intérieur de l’avion contient d’immenses réservoirs.
L’intérieur de l’avion contient d’immenses réservoirs. Wikimedia

Légende urbaine

Les Canadair ont engendré de multiples histoires héroïques, dont les plus récentes, en Californie, ont été soulignées dans les médias et les réseaux sociaux. Un appareil a notamment heurté un drone en plein vol, mais s’est posé sans encombre. On a vu circuler de nombreuses images de ces bombardiers en pleine action.

La plus étrange de ces histoires, qui a été démentie depuis, veut qu’on ait retrouvé un plongeur mort au sommet d’une forêt éteinte... L’avion l’aurait pêché en remplissant sa soute puis jeté sur le sommet d’une montagne.

Plan et dimensions d’un CL-415.
Plan et dimensions d’un CL-415. Wikimedia

Une impossibilité technique puisque l’eau est recueillie dans de minuscules écopes dans la coque. Mais cette histoire a été reprise dans au moins deux œuvres de fiction, le roman Bambi Bucket de Mordecai Richler et La turbulence des fluides, un long-métrage de Manon Briand.

Des accidents inévitables

Les deux modèles de bombardier d’eau (CL-215 et CL-415) éteignent encore de nos jours des feux en Grèce, en Italie, en France, en Malaisie, au Maroc et au Canada. Mais les missions de ces avions sont les plus risquées de l’aviation en temps de paix. Pas moins de 30 des 125 CL-215 et 11 des CL-415 ont subi des accidents qui les ont rendus inutilisables.

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