Mort inexpliquée: les boissons énergisantes au cœur d’un débat


Jean-François Racine
Un coroner d’expérience a ciblé la consommation de boissons énergisantes comme «la cause la plus probable» du décès d’une jeune femme de 21 ans de Chaudière-Appalaches, mais ses parents ne croient pas à cette hypothèse et craignent de ne jamais savoir ce qui s’est produit.
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Au début du mois d’avril 2020, les parents de la jeune femme entendent un bruit sourd provenant de sa chambre. Ils trouvent alors leur fille inanimée.
Le père entreprend aussitôt les manœuvres de réanimation pendant que la mère contacte le 911. Les manœuvres sont infructueuses et le décès est constaté vers 17 h.
Selon le rapport du coroner, plusieurs bouteilles de boisson forte et beaucoup de cannettes de boisson énergisante sont retrouvées sur place.
L’enquêteur écarte rapidement la thèse criminelle. L’intoxication ne serait pas en cause non plus. En outre, l’autopsie ne fournit pas de réponse. Au moment de sa mort, la jeune femme ne prend aucune médication et n’a jamais eu de maladie grave.
Toujours mystérieux
«Il y avait deux ou trois cannettes dans sa chambre, mais on ne sait pas depuis combien de temps. Elle en prenait très peu. Je crois sincèrement que ce n’est pas ça qui a emporté ma fille», affirme son père qui nage toujours en plein mystère vingt mois plus tard.
«On ne demandait pas mieux que d’avoir une réponse. Ma fille n’était capable d’aucune exagération», ajoute-t-il.
Bien que le rapport du coroner soit de nature publique, Le Journal a accepté de taire l’identité de la victime afin de ne pas accabler davantage la famille.
En raison de la pandémie, la jeune femme n’allait plus à l’école ni à son travail. À part le confinement, son entourage n’a rien perçu d’anormal dans son comportement. «Pour les parents et pour l’enquêteur, ce décès est inexplicable», peut-on lire dans le rapport.
Avec une trentaine d’années d’expérience, le coroner avance toutefois une explication, mais sans pouvoir prouver sa théorie. Dans les dernières années, des mises en garde ont été rédigées par d’autres coroners sur ce même sujet.
Cause accidentelle
«Suite à mon investigation, je me permets d’évoquer la cause la plus probable. [La victime] était une adepte de boisson énergisante. L’utilisation régulière de tels produits peut causer des arythmies cardiaques malignes menant à un arrêt cardiorespiratoire. Le décès est de cause accidentelle d’origine indéterminée», écrit le Dr Jean-Marc Picard.
«J’ai bien dit probable parce qu’on ne peut pas le prouver. Il faut être prudent. Ce n’est pas mon premier cas. Ce n’est pas facile non plus à admettre pour les parents. On n’a rien trouvé. On a même fait une autopsie moléculaire. J’ai fait le maximum», termine le Dr Picard.