Troisième nuit de violences en France après la mort d’un adolescent tué par un policier
Agence France-Presse
La France passe une nouvelle nuit dans le chaos des violences urbaines, la troisième de suite après la mort d’un adolescent près de Paris, tué par un policier mis en examen et écroué depuis pour homicide volontaire.
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Nahel, 17 ans, a été tué par un tir au thorax lors d’un contrôle routier mené par deux motards de la police, après un refus d’obtempérer à Nanterre, à l’ouest de Paris. En France, l’âge minimum pour conduire légalement est de 18 ans.
Selon une vidéo authentifiée par l’AFP, un des deux policiers le tenait en joue, puis a tiré à bout portant.
La mort de l’adolescent avait déjà entraîné deux nuits de violences en France, notamment en région parisienne, et le scénario se répète dans la nuit de jeudi à vendredi, malgré une marche blanche en journée que les autorités espéraient annonciatrice d’apaisement.

À 2 h 30 (0 h 30 GMT), les forces de l’ordre avaient procédé à au moins 328 interpellations au niveau national, selon l’entourage de Gérald Darmanin.
La mère de la victime, sur une camionnette, portant un tee-shirt «Justice pour Nahel», avait ouvert la procession partie de Nanterre, qui a réuni 6 200 personnes, selon une source policière. Elles se sont rendues sur les lieux du drame pour y observer une minute de silence.
Mais la manifestation s’est terminée dans la confusion, avec des heurts, des tirs de gaz lacrymogène et de fusées d’artifice, quelques feux et du mobilier urbain détruit. Au moins une banque a été saccagée et plusieurs voitures ont été incendiées, selon l’AFP.
Risque de «généralisation»
Selon une note des renseignements citée par une source policière, les violences pourraient se «généraliser» au cours des «prochaines nuits», marquées par «des actions ciblées sur les forces de l’ordre et les symboles de l’État ou de la puissance publique».
À Pau (sud-ouest) notamment, un cocktail Molotov a été jeté sur le commissariat de police, a informé la préfecture du département.
À Paris même, les célèbres Halles et la rue de Rivoli qui mène au Musée du Louvre ont vu certains de leurs commerces et magasins «vandalisés», «pillés, voire incendiés», a détaillé un haut-gradé de la police nationale.

Au moins trois villes proches de la capitale ont décidé d’instaurer un couvre-feu, parfois sur plusieurs jours, sur tout leur territoire ou certains quartiers seulement, pour tous ou pour les mineurs uniquement.
Clamart, près de Paris, et Compiègne, au nord de la capitale, ont ainsi instauré cette mesure de 21 h à 6 h du matin (19 h à 4 h GMT).
À Lille (nord), la mairie d’un quartier populaire du sud a été incendiée et une autre, dans l’est de la ville, a été caillassée, selon l’Hôtel de Ville.

En région parisienne, bus et tramways ont cessé de circuler depuis 21 h (19 h GMT) jeudi.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé la mobilisation jeudi soir de 40 000 policiers et gendarmes, dont 5 000 à Paris (contre 2 000 la nuit précédente).
Selon une source policière, le RAID et le GIGN, unités d’élite d’intervention respectivement de la police et de la gendarmerie, ont été déployés dans de grandes villes du pays telles que Toulouse (sud-ouest), Marseille (sud-est), Lyon (sud-est), Lille (nord), ou Bordeaux (sud-ouest).
Le policier inculpé
Le gouvernement a assuré que le déclenchement de l’état d’urgence, réclamé par certaines voix de la droite politique, n’était «pas une option envisagée aujourd’hui».
‼️ [ 🇫🇷 FRANCE ]
— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) June 29, 2023
🔸 Des individus utilisent un véhicule pour forcer l'entrée d'un LIDL à Nantes. pic.twitter.com/UyvIqZL9Zn
L’affaire a relancé la controverse sur l’action des forces de l’ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d’obtempérer.
«Je n’en veux pas à la police, j’en veux à une personne : celui qui a enlevé la vie de mon fils», a déclaré Mounia M., la mère de l’adolescent, dans une interview diffusée jeudi soir sur la chaîne de télévision France 5.

«Le parquet (ministère public) considère que les conditions légales d’usage de l’arme» par le policier auteur du tir, âgé de 38 ans, «ne sont pas réunies», a souligné jeudi matin le procureur de la République de Nanterre, Pascal Prache.
En garde à vue, «les premiers» et les «derniers mots» du policier auteur du tir ont été des excuses à la famille, a rapporté jeudi son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, sur la chaîne de télévision française BFMTV, affirmant que son client «n’a pas voulu tuer».
Le policier a été inculpé pour homicide volontaire et placé en détention provisoire, a ensuite annoncé le ministère public.
Le drame à l’origine de l’embrasement s’est produit lors d’un contrôle de police de la voiture conduite par Nahel, connu pour des refus d’obtempérer, les derniers ayant donné lieu à sa présentation au parquet (ministère public) dimanche dernier, en vue d’une convocation en septembre devant un tribunal pour enfants.