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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Les artistes nous ont trahis

Photo d'archives, Martin Chevalier
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Photo portrait de Richard Martineau

Richard Martineau

2022-08-04T09:00:00Z
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Dimanche soir, à la Place des Arts, Joe Bocan, Florence K, Daniel Boucher, Pierre Verville, Roberto Medile, Danielle Oddera et Martin Théberge vont se réunir pour rendre hommage à l’un de nos meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes, le regretté Sylvain Lelièvre.

Ils vont chanter ses plus grands succès, dont Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves ?

J’ai le goût de poser la question aux artistes du Québec : vous, qu’avez-vous fait du grand rêve nationaliste qui, il y a quelques années, vous inspirait, vous transportait, vous enflammait ?

Pourquoi l’avez-vous laissé tomber ?

-Écoutez Richard Martineau au micro de Vincent Dessureault sur QUB radio :

LA CORPORATION DES ARTISTES

Car c’est la triste réalité : les artistes ont complètement abandonné la question nationale.

Ils lui ont tourné le dos.

Ça ne les intéresse plus. 

Même la défense du français, ça les laisse de glace. 

Comme ma blonde a déjà écrit : ils étaient où, les artistes, quand le patron d’Air Canada a dit qu’on n’avait absolument pas besoin de parler un mot de français pour réussir au Québec ?

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Nulle part.

Ils n’ont pas dit un traître mot. 

Et quand les chroniqueurs canadiens-anglais se relaient pour cracher dans la face du Québec dans des termes de plus en plus outranciers, de plus en plus excessifs ; quand les scribes du National Post, du Globe and Mail et du Ottawa Citizen ne se cachent même plus pour traiter les Québécois francophones de tous les noms, ils disent quoi, nos valeureux artistes ?

Rien. 

Oh, quand un ou une des leurs se fait insulter sur les médias sociaux par un internaute anonyme qui n’a aucun pouvoir et ne représente personne sauf lui-même, ils se lèvent comme un seul homme (pardon : comme un seul propriétaire de pénis) et dénoncent cet acte ignoble, honteux !

Mais quand c’est le peuple québécois au grand complet qui se fait insulter par l’élite canadienne-anglaise, c’est silence radio. 

Faut croire qu’ils sont devenus corporatistes. 

Ils défendent leurs membres, point. 

Les autres, qu’ils aillent au diable.

DÉFONCER DES PORTES OUVERTES

Les artistes sont devenus rentiers.

Ils gèrent leur carrière.

Quand ils prennent publiquement position, c’est pour des sujets aussi controversés que l’avenir de la planète et le racisme.

Parce que ça en prend, du courage, en 2022, pour dire que tu es pour l’environnement et contre le racisme !

Oh là là !

Attention, toi !

Tu risques gros !

« Hein ? Machin Truc est contre le racisme ? Et il veut sauver la planète ? Ah bien ! Moi qui pensais que c’était un bon p’tit gars ! Gérard, appelle le théâtre, on annule nos billets ! »

Le courage des artistes, maintenant, consiste à appuyer des causes qui font l’unanimité.

Au lieu de mener le troupeau, comme ils l’ont déjà fait, ils regardent à gauche et à droite et analysent la direction du vent avant de prendre position. 

Et, surtout, pas de politique ! Car ça risque de diviser ton public et d’affaiblir ta vente de billets !

Aujourd’hui, les artistes n’ont qu’un mot à la bouche : diversité.

Il faut s’assurer que tous les groupes, même les plus minoritaires, soient représentés au sein des institutions québécoises !

Et la représentation des francophones et des Québécois au sein du Canada ?

Notre respect à nous ?

Notre survie à nous ?

Bof.

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