Les Américains en ont marre des tarifs, Donald

Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | Le nouvel épisode du mauvais théâtre des tarifs de Donald Trump met en lumière que bon nombre d’Américains en ont assez, comme le reste de la planète, de la guerre commerciale mondiale du président.
Mercredi soir, une cour fédérale américaine, le tribunal du commerce international, a invalidé dans une décision extraordinaire certains tarifs du président annoncés par simple décret.
Une cour d’appel spécialisée en commerce international a suspendu, 24h plus tard, cette décision jusqu’à ce qu’elle se penche sur le fond des choses.
Mais il reste que ce nouveau revirement dans la saga des tarifs place Trump sur la défensive.
Tannés de jouer dans ce film
Ce sont, entre autres, cinq petites entreprises d’un peu partout aux États-Unis qui sont derrière cette contestation.
Un importateur de vin, une boutique de matériel de pêche, un fabricant de systèmes de tuyauterie de plastique, un autre de jouets pour enfants et une boutique de vêtements de cyclisme. Autant de PME qui craignent la faillite à cause des tarifs.
Donald Trump répète que ses droits de douane sont pour le bien des États-Unis à long terme, puisque nécessaires pour financer des baisses d’impôt, mais que, dans l’immédiat, cela pourrait faire mal.
Visiblement, bon nombre d’Américains et d’entrepreneurs n’ont aucune envie de jouer dans son film. Rien ne laisse présager qu’ils vont cesser de faire monter la pression sur la Maison-Blanche dans l’espoir qu’elle reculera.
Malgré la victoire judiciaire de mercredi, les tarifs réciproques et ceux justifiés par la soi-disant crise de fentanyl aux frontières ont été maintenus, mais pour combien de temps encore?
Un de ses plus proches conseillers, Stephen Miller, a qualifié le jugement du tribunal de «coup d’État judiciaire».
La cour fédérale et plusieurs experts estiment toutefois que le président ne peut éternellement contourner le Congrès pour imposer ses volontés, comme dans le cas de ces tarifs.
Le tribunal du commerce international, basé à New York, donne raison aussi au Canada concernant le prétexte bidon de la crise du fentanyl. De plus, on ne règle pas une crise d’opioïdes avec des tarifs, une absurdité qu’a relevée la cour de première instance.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Prudence
Le premier ministre Mark Carney a bien fait d’accueillir le premier jugement de mercredi avec prudence.
Concrètement, rien n’est encore réglé et d’autres tarifs demeurent, comme ceux sur l’acier et l’aluminium et sur le secteur névralgique de l’automobile.
Pendant que la cour d’appel délibère, les États-Unis continueront de collecter les tarifs.
Plus encore, Donald Trump a menacé d’autres droits de douane sur le bois et le secteur pharmaceutique, qui pourraient donc être mis en place tout en respectant la décision du tribunal.
La justice suit son cours, mais l’incertitude pour l’économie mondiale, elle, demeure.