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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Les Américains dégainent l’arme de l’embargo pétrolier et gazier

Plusieurs redoutent la réaction de la Russie si plusieurs pays emboîtent le pas

Le président américain Joe Biden a annoncé, hier, dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, que les États-Unis suspendaient jusqu’à nouvel ordre tout achat de pétrole et de gaz russe. Le Royaume-Uni a, peu après, confirmé une mesure similaire.
Le président américain Joe Biden a annoncé, hier, dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, que les États-Unis suspendaient jusqu’à nouvel ordre tout achat de pétrole et de gaz russe. Le Royaume-Uni a, peu après, confirmé une mesure similaire. Photo Reuters
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Photo portrait de Martin Jolicoeur

Martin Jolicoeur

2022-03-09T05:00:00Z
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Dans une nouvelle tentative d’isolement de Vladimir Poutine, le gouvernement américain a mis hier sa menace à exécution et suspendu, jusqu’à nouvel ordre, tout achat de pétrole et de gaz en provenance de Russie. 

Une décision vite suivie par le Royaume-Uni qui, quasi simultanément, a décrété à son tour la fin des importations d’énergie russes (d’ici la fin de 2022), entraînant aussitôt une grande volatilité des marchés et la crainte de nouvelles hausses des prix à la pompe.

« Le baril de pétrole n’a pas encore atteint son record de 2008 (147,50 $ US). Mais au rythme actuel d’escalade des tensions, nul ne peut vraiment exclure ce scénario. Ce qui, évidemment, pourrait se traduire tôt ou tard par des prix plus élevés pour les consommateurs », estime Jean-Thomas Bernard, professeur d’économie de l’Université d’Ottawa.

En fin de séance, hier, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a clôturé en hausse de 3,87 %, à 127,98 $ US. Pour sa part, le baril de West Texas Intermediate (WTI) avec échéance en avril a progressé de 3,60 %, à 123,70 $ US.

Au Québec, pendant ce temps, les prix de l’essence ordinaire caracolaient hier autour des 195,9 cents le litre, tandis qu’ils poursuivaient leur remontée dans l’Ouest avec un nouveau record de 211,9 cents le litre, à Vancouver. Sur la côte ouest, le litre du diesel s’échangeait hier à une moyenne de 217,9 cents, et l’essence premium à 232,9 cents.

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La guerre de Poutine

Cette décision de priver les États-Unis de pétrole russe a été prise « en coordination étroite » avec ses alliés, a précisé hier le président Joe Biden lors d’un point de presse télévisé. 

« Nous ne contribuerons pas à subventionner la guerre de Poutine », a-t-il martelé, rappelant avoir prévenu que la « défense de la liberté » ne sera pas sans coûts pour la population américaine. 

L’Europe s’est, pour l’instant, refusée à décréter un tel embargo. Il faut dire que pas moins de 40 % de ses besoins en gaz naturel et 30 % de ses besoins en pétrole sont comblés par la Russie. 

À titre de comparaison, le pétrole russe ne représente que 8 % des importations américaines et 4 % de la consommation de produits pétroliers aux États-Unis, qui n’importent pas de gaz russe.  

Déclaration de guerre

« Le geste de la Maison-Blanche demeure symbolique compte tenu de son importance relative comme importateur, explique Carol Montreuil, vice-président Est du Canada de l’Association canadienne des carburants. 

« Le danger surviendrait si d’autres pays emboîtaient le pas aux États-Unis en tournant le dos au pétrole russe. La Russie pourrait le percevoir comme une déclaration de guerre et décider de fermer le robinet sur l’Europe, ce qui serait une catastrophe. »

D’autres pétrolières s’en vont

Les pétrolières annoncent les unes après les autres leur retrait de la Russie. Mardi, c’était au tour de Shell à emboîter le pas à BP, ExxonMobil et à l’italien Eni.

Enfin, le Japon étudierait actuellement la suspension de ses importations d’énergie russe. De son côté, la Chine envisagerait au contraire d’acheter ou accroître ses participations dans des sociétés russes, telles que la pétrolière Gazprom PJSC et le producteur d’aluminium United Co. Rusal International PJSC, selon l’agence de presse Bloomberg. 

Ces intentions viseraient à protéger les besoins énergétiques et de sécurité alimentaire de la Chine, et ne devraient aucunement, selon ses sources, être interprétées comme une démonstration de soutien de Pékin à l’invasion russe en Ukraine.

–Avec l’AFP

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