Les allégations contre le cardinal Ouellet risquent d’ébranler l’Église catholique jusqu'à Rome
«C’est dévastateur et ça mine la crédibilité»

Louis Deschênes
Les allégations contre le cardinal Marc Ouellet risquent d’ébranler l’Église catholique jusqu’à Rome et auront un impact néfaste sur la confiance, déjà fragile, des Québécois envers les hommes religieux, selon les experts.
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«C’est dévastateur et ça mine la crédibilité parce que ça vient dire le contraire de ce que l’on veut enseigner», affirme Gilles Routhier, professeur titulaire à la Faculté de théologie et de sciences religieuses à l’Université Laval.
Même discours pour le commentateur spécialisé en actualité religieuse Alain Pronkin qui n’hésite pas à dire que les colonnes du temple ont été secouées.
- Écoutez Suzanne Tremblay, porte-parole de l’Association des Jeunes Victimes de l’Église (AJVE) en entrevue avec Alexandre Dubé :
Le plus haut dans l’histoire
«Le symbole est fort, ce n’est pas juste un prêtre, ce n’est pas juste un religieux, c’est un cardinal qui nomme tous les évêques sur la planète», lance M. Pronkin.
Le chroniqueur estime que de tous les Québécois dans l’histoire, Marc Ouellet est celui qui a eu le plus de pouvoir au Vatican, ce qui explique les conséquences qu’une telle histoire pourrait avoir sur l’Église.
«Il est dans l’élite. Quand tu es au Vatican, préfet d’une congrégation, il y en a seulement neuf préfets dans le monde», dit-il reconnaissant que le cardinal Roy et le cardinal Léger ont possiblement été les plus populaires, mais qu’ils n’ont jamais été aussi influents que le cardinal Ouellet.
Le natif de l’Abitibi est également le Québécois qui est venu le plus près du Saint-Siège. «Avant le conclave qui a mené à l’élection du pape François, son nom circulait parmi la dizaine de l’époque», confirme Gilles Routhier.
Les allégations contre Marc Ouellet arrivent alors que celui-ci est en fin de carrière. À 78 ans, il n’avait plus de chance de devenir pape.
«Indépendamment des allégations, c’était quelqu’un qui allait vers sa sortie», affirme le professeur Routhier.
Changement
Avec la réforme de la curie romaine dernièrement, le groupe de décideurs sera possiblement renouvelé à l’automne.
«On s’attendait que les responsables qui dépassaient 75 ans soient remplacés.»
Selon les analystes, il serait très surprenant que le souverain pontife sévisse contre le cardinal Ouellet tant et aussi longtemps que les procédures ne seront pas terminées.
Ils citent, en exemple, le cardinal Theodore McCarrick de Washington qui a été défroqué seulement quand il a été reconnu coupable de graves accusations d’agressions sexuelles.
En contrepartie, le cardinal australien George Pell, acquitté dans une affaire de pédophilie, a été accueilli à bras ouverts à Rome par le pape François.
- Écoutez Felix Séguin au micro de Yasmine Abdefadel sur QUB radio :
Marc Ouellet en cinq dates
- 2002 : Marc Ouellet devient le 14e archevêque de Québec à la suite d’une nomination par le pape Jean-Paul II. Il accède au rang de cardinal l’année suivante.
- Mai 2010 : Des propos du cardinal Ouellet sur l’avortement font controverse. En marge d’un congrès à Québec, il s’y oppose, même en cas de viol.
- Juin 2010 : Il est appelé à Rome et promu préfet de la Congrégation pour les évêques, un organe de la curie romaine.
- 2013 : Ouellet est pressenti pour succéder au pape Benoît XVI, qui renonce à ses fonctions. C’est finalement le pape François qui est élu.
- 2022 : Il est visé par des allégations d’inconduites sexuelles dans le cadre d’une action collective visant le Diocèse de Québec.