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L'article provient de Le Journal de Québec

Les agriculteurs se préparent à mettre les bouchées doubles

On doit augmenter la production en serre durant l’hiver pour atteindre l’autonomie alimentaire

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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2020-09-26T04:00:00Z
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Même si on ne risque pas de faire pousser des bananes ou des oranges québécoises de serre demain, l’industrie se prépare à redoubler d’ardeur pour nourrir les Québécois.

• À lire aussi: Vers un Québec indépendant en fruits et légumes toute l’année

« Notre rêve, c’est de doubler à court terme la capacité de production dans les mois de l’hiver », résume Claude Laniel, directeur général des Producteurs en serre du Québec.

Selon lui, l’autonomie alimentaire passe par notre capacité à augmenter la production dans les saisons froides, entre le 21 septembre et le 21 mars.

« On est à 35 % et 40 % d’autonomie au niveau de la tomate de serre donc on pourrait facilement doubler à 60 %, 65 %, 70 % », souligne-t-il.

D’après Claude Laniel, on ne risque cependant pas de voir de sitôt des fruits exotiques « Faits au Québec ». « Est-ce qu’on va faire des oranges en serre, des bananes et des fruits et légumes tropicaux ? Je ne pense pas », lance-t-il.

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Serres d’automne

À l’Association québécoise de la distribution de fruits et légumes (AQDFL), on mise déjà sur le développement de la filière des serres pour augmenter l’autonomie alimentaire du Québec.

« Dans le milieu, on a déjà identifié une cinquantaine de serres qui font des plantes ornementales. On leur a offert des formations pour qu’elles puissent faire pousser des fruits et des légumes », explique sa PDG, Sophie Perreault.

Selon elle, ces derniers se sont montrés ouverts à l’idée parce que cela leur permettrait d’aller chercher de nouveaux revenus, en plus de diversifier leurs marchés.

« Plutôt que de fermer leurs serres à la fin de l’été, elles pourraient convertir une partie de leurs serres en culture de fruits et de légumes une partie de l’année », poursuit-elle.

S’adapter aux saisons

De son côté, le directeur général à l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), Jocelyn St-Denis, est d’avis que même si on doublait la superficie des serres au Québec, comme le souhaite le gouvernement Legault, on n’arriverait pas à nourrir la population.

« Si on veut parler de sécurité alimentaire, ça veut dire qu’un consommateur qui veut manger des produits du Québec va devoir arrêter de manger des fraises, des laitues romaines, et qu’il prend ce qui est disponible », a-t-il dit.

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Selon lui, le développement des serres est une bonne chose, mais les consommateurs ne doivent pas oublier de se tourner vers des légumes d’entreposage comme les oignons, pommes de terres, les carottes, les betteraves, les navets et les choux. 

« Nos arrières grands-mères ne mangeaient pas de fraises l’hiver, elles mangeaient des légumes racines et des pommes entreposées », conclut-il. 

Autosuffisant pour certains aliments  

Dans plusieurs catégories d’aliments, le Québec arrive à produire juste assez, sinon plus, que ce qu’il consomme. Dans le tableau, un ratio de plus de 1 signifie que le Québec en produit plus qu’il en consomme. Par exemple, le Québec produit 13 fois plus de sirop d’érable qu’il en consomme. 

Autosuffisant  

  • Sirop d’érable 13,04   
  • Canneberges 4,90   
  • Porc 3,99   
  • Veau 3,46   
  • Yogourt 3,19  
  • Bleuets 2,48   
  • Cheddar 2,02   
  • Beurre 1,53   
  • Volaille 1,30   
  • Lait et crème 1,05   

Presque autosuffisant  

  • Patates 0,97  
  • Pommes 0,92  
  • Légumes de champs 0,91  
  • Oeufs 0,80   

Pas autosuffisant  

  • Petits fruits 0,60  
  • Fraises 0,42  
  • Bœuf 0,36  
  • Mouton - Brebis 0,34   
  • Miel 0,32  
  • Céréales de boulangerie 0,12   

Source : Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) 

Légumes de serre

Chaque année, plus de 40 000 tonnes de légumes poussent dans des serres, selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentaion du Québec (MAPAQ). « Les deux tiers du volume des importations québécoises de légumes en 2018 ont été observés durant les mois de janvier à juin ainsi qu’en décembre ».

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