Entente avec les infirmières: les agences privées se contenteront des restes

Charles Lecavalier
Les employés des agences privées de placement devront se contenter des quarts de travail les moins désirés, le soir et la fin de semaine par exemple. C’est ce choix du gouvernement Legault qui a finalement décidé les infirmières à accepter une entente de principe.
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Présidente de la FIQ
«Dorénavant, les agences privées vont prendre les restants», lance Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), en entrevue avec Le Journal. De son côté, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a affirmé que cet accord allait «changer la face» du réseau de la santé.
Une première entente avait été rejetée par les membres du syndicat à la fin du mois de novembre. Ce n’était pas suffisant au goût des délégués, qui en avaient soupé de la voie royale offerte aux agences privées dans le système de santé.
Exaspérant
«Les dirigeants d’hôpitaux l’ont complètement échappé. Ils nous ont traités de façon inacceptable en donnant la crème aux agences privées. C’est devenu complètement exaspérant pour nos membres», explique-t-elle.
Un exemple: une infirmière qui avait un poste de jour dans un GMF a été transférée sur un horaire de soir dans un CHSLD. Son quart de travail a été offert à une infirmière employée par une agence de santé privée.
Cette situation a provoqué une véritable saignée dans le réseau: plusieurs employées ont choisi de quitter pour le privé: mieux payées, un horaire de jour, pas de temps supplémentaire obligatoire. Mais la donne va changer. «Ce n’est pas vrai que les agences vont s’engraisser de professionnelles en soins, payées le double du salaire pour prendre les meilleures conditions», lâche Mme Bédard.
Elle a pu convaincre deux ministres qui ne viennent pas du monde de la santé, Sonia LeBel et Christian Dubé, d’ajouter cette clause à la convention collective alors qu’il s’agit de «gestion interne»: cette situation est «très peu fréquente». «Politiquement, on a eu un gouvernement qui n’a pas hésité à prendre des décisions courageuses», dit Mme Bédard.
Une meilleure conciliation travail-famille a également poussé les délégués à adopter à 82% l’entente de principe. Les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes qui travaillent de soir pourront maintenant convertir leur prime en temps et allonger leurs week-ends.
Pour que l’entente entre en vigueur, il faut toutefois que la FIQ et Québec s’entendent sur les salaires et les retraites. L’entente globale sera alors soumise aux membres de la FIQ sous forme de référendum.