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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Les 100 jours de Donald Trump au livre des records

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Photo portrait de Pierre Martin

Pierre Martin

2025-04-30T04:00:00Z
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Les 100 premiers jours du deuxième mandat Trump auront une place de choix dans les livres de records. Reste à voir celle que leur réserveront les livres d’histoire et de droit.

Les 100 premiers jours historiques de Franklin Delano Roosevelt en 1933 ont introduit dans le folklore politique américain l’habitude d’anticiper l’héritage possible d’un président selon certains indicateurs de performance dès la sortie des blocs.

Dans le cas de Donald Trump, plusieurs de ces indicateurs n’augurent rien de bon.

Des records

Trump 2.0 affiche le record de décrets présidentiels (147, contre 99 pour FDR) et du plus petit nombre de lois (cinq). Même avec des majorités républicaines au Congrès, Trump préfère consolider son pouvoir unilatéral plutôt que de soumettre ses propositions au test de la représentation démocratique.

Parmi ces décisions unilatérales, on retient ses tarifs douaniers, qui, à 28% en moyenne (le 15 avril), sont les plus élevés depuis 1901. À cause de ces tarifs, les indices boursiers affichent leurs pires performances des 100 premiers jours d’un président depuis 1973.

Il est aussi certain que Trump 2.0 détiendra le record pour le nombre de fonctionnaires congédiés, même si plusieurs pourront regagner leur poste au terme du nombre record de poursuites judiciaires qui ont suivi ces suppressions arbitraires.

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Un autre record est le taux de désapprobation populaire. Selon la moyenne de The Economist, 41% des Américains approuvent la performance générale de Trump et 53% la désapprouvent. C’est la pire performance au centième jour depuis l’invention des sondages, à l’exception possible de son propre score en 2017. Sur presque tous les enjeux, la proportion et l’intensité de la désapprobation dominent l’approbation.

Des marques noires

Un record plus enviable: le nombre de migrants appréhendés à la frontière sud a atteint un plancher historique en mars. Cette dissuasion par la terreur est toutefois atteinte au prix d’actions cruelles et illégales, largement condamnées par le public.

La saga des déportations de centaines de personnes sans procès vers des camps de concentration salvadoriens signale que Trump entend poursuivre cette politique indigne d’une démocratie.

Un autre record qui entachera pour longtemps la réputation internationale des États-Unis est le nombre encore inconnu de morts – probablement des millions – qui résulteront de l’interruption illégale des programmes d’aide au développement des États-Unis.

Des impacts durables

Dans l’ensemble, le torrent de mesures adoptées pendant ces 100 jours aura un impact profond sur les États-Unis et dans le monde.

À l’intérieur, les Américains ressentiront, dans quelques mois, les conséquences néfastes de l’entreprise de démolition de l’État menée par Elon Musk et ses sbires, mais il leur faudra plusieurs décennies pour s’en remettre.

À l’extérieur, ces 100 jours auront fortement entaché l’image des États-Unis. Tant que le cancer représenté par Trump ne sera pas extirpé du corps politique américain, personne ne voudra négocier de nouveaux accords diplomatiques ou commerciaux avec un pays qui renie si cavalièrement ses engagements.

Pire, si la Cour suprême entérine les pires éléments du virage autoritaire entamé par Trump lors de ces 100 jours, les dommages qu’il a commencé à infliger à l’État de droit seront à l’épreuve du droit, et ce, pour longtemps.

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