Le sympathique refus de Leonard Cohen pour le film «Horloge biologique», qui fête ses 20 ans aujourd’hui
Le légendaire auteur-compositeur en a profité pour donner son avis sur «Québec-Montréal»


Raphaël Gendron-Martin
Et si Leonard Cohen avait chanté à la fin du film Horloge biologique au lieu de Patrick Watson? C’est bien ce qui aurait pu arriver il y a 20 ans exactement, a appris Le Journal. Dans son sympathique refus, le célèbre auteur-compositeur en a même profité pour donner son avis sur Québec-Montréal!
C’est le 5 août 2005 qu’a pris l’affiche la comédie dramatique Horloge biologique dans les salles du Québec. Parmi les faits les plus surprenants entourant la production de ce long métrage de Ricardo Trogi se trouve la communication entre l’équipe du film et celle de Leonard Cohen.
Cherchant un interprète pour prêter sa voix à la chanson finale du long métrage, Falling Man, le superviseur musical, Philippe-Aubert Messier, et l’éditrice Geneviève Côté avaient dressé une liste de quelques noms. Et sur cette liste se trouvait un certain Leonard Cohen.
«C’était un peu une évidence [de le considérer] à ce moment-là, mentionne Philippe-Aubert au Journal. C’était naturel. On se demandait qui on aimerait avoir, et il était clairement dans la liste.»

Sympathique refus
Geneviève Côté, qui est l’éditrice de Jean-Frédéric Messier, l’auteur des paroles de Falling Man, se souvient avoir passé «par l’éditeur ou le manager» de Cohen pour connaître son intérêt à participer au projet.
«Une éditrice agit pour faire vivre le plus et le mieux possible les œuvres qu’elle représente, et donc j’avais aidé Philippe dans la recherche d’interprète pour la pièce, indique-t-elle. [...] Dans le pitch, j’avais mentionné que la toune était pour le prochain film de l’équipe derrière Québec-Montréal.»
La réponse de Cohen par courriel – probablement via quelqu’un dans son équipe – n’a pas tardé. «Je pense qu’il nous avait dit: “For a bunch of stupid reasons, which I’ll spare you, I won’t be able to record the vocal” [pour une série de raisons stupides que je vais vous épargner, je ne pourrai enregistrer la portion vocale]», se souvient Geneviève Côté.
«Et il avait ajouté: “But please let them know that I enjoyed Québec-Montréal” [mais s’il vous plaît, faites-leur savoir que j’ai apprécié Québec-Montréal]», poursuit l’éditrice.
En voyant cette réponse personnelle de Cohen, Philippe-Aubert a spontanément lancé qu’il devrait l’encadrer!
«Ça nous avait fait dire que ça confirmait l’adage qui dit que les plus grands sont les plus fins», mentionne Geneviève Côté.

Intéressant plan B
Philippe-Aubert croit que le refus de Cohen venait probablement du fait qu’il était en pause à cette époque et qu’il ne faisait pas beaucoup de spectacles. «Il me semble que c’est aussi la période de grands litiges avec son manager», rappelle-t-il.
En effet, c’est autour des années 2004-2005 que Cohen s’est aperçu qu’il avait été floué par sa gérante de longue date, Kelley Lynch. Quelques années plus tard, il est reparti en tournée mondiale – sa première en 15 ans – pour renflouer ses coffres.
Quant à la chanson Falling Man, le refus de Cohen a «forcé» l’équipe d’Horloge biologique à se tourner vers un «plan B» plutôt intéressant: Patrick Watson. L’artiste était presque inconnu du grand public à l’époque, n’ayant sorti qu’un album (Just Another Ordinary Day). «On aurait tellement trippé [avoir Cohen], mentionne Geneviève Côté. Mais Patrick, c’était cool aussi, évidemment!»

Contacté par Le Journal pour cette nouvelle sur Leonard Cohen, le réalisateur d'Horloge biologique, Ricardo Trogi, a déclaré ne pas avoir entendu parler de cette histoire à l'époque. Mis au fait que le légendaire artiste avait apprécié Québec-Montréal, Trogi a répondu qu'il trouvait cela «quand même flatteur!».