L’entreposage de meubles plus populaire que jamais
La bulle immobilière et les retards sur la construction y sont pour quelque chose

Étienne Paré
Des entrepôts sont pleins à craquer à cette veille du 1er juillet, alors qu’un nombre jamais vu de propriétaires doivent déménager dans des logements plus petits où ils ne peuvent entreposer tous leurs meubles.
« Il y a beaucoup de gens qui ont voulu profiter des prix sur le marché pour vendre leur maison, mais qui attendent pour en acheter une nouvelle parce que les prix sont trop élevés », constate Pierre-Olivier Cyr, propriétaire du Clan Panneton, l’un des plus gros joueurs dans l’industrie du déménagement au Québec.
L’entrepôt de cette compagnie, situé dans le sud-ouest de l’île de Montréal, est présentement rempli à 125 % de sa capacité, de sorte que les employés doivent redoubler d’imagination pour tout stocker ce qu’on leur apporte.
« D’habitude, tout rentre dans des caissons, mais cette année, on a installé des étagères en métal pour pouvoir tout ranger », s’étonne M. Cyr, qui s’attend à ce que plusieurs des articles entreposés y demeurent longtemps.
- Écoutez l'entrevue de Pierre-Olivier Cyr au micro de Danny St Pierre sur QUB radio:
50 % plus de demandes
En temps normal, les clients n’avaient besoin de faire entreposer leur mobilier que quelques jours, quand il y avait un délai entre leur déménagement et la date de possession de leur nouvelle propriété.
Le portrait est tout autre cette année : d’innombrables propriétaires partent vivre dans des appartements plus petits pour quelques mois, en attendant de trouver la maison de leur rêve où ils auront assez d’espace pour rapporter tous leurs biens.
« Il y a beaucoup plus d’entreposage cette année, je dirais 50 % de plus par rapport à l’an dernier », atteste Mario Talpa, propriétaire de Déménagement Cargo, qui n’a jamais rien vu de tel en près de dix ans de métier dans le grand Montréal.
Il en est même rendu à faire des partenariats avec d’autres compagnies d’entreposage pour pouvoir répondre à la demande.
« C’est beaucoup aussi à cause des retards dans l’industrie de la construction », note M. Talpa.
Retards sur la construction
En effet, la hausse du coût des matériaux a entraîné plusieurs retards sur les chantiers résidentiels.
Certains se retrouvent donc aujourd’hui à devoir prendre un petit loyer pendant quelques mois, le temps que leur maison – ou leur condo – soit prête.
« Il n’y a pas eu que le coût des matériaux, il y a aussi la pénurie de main-d’œuvre qui a entraîné des retards », souligne Guillaume Houle, porte-parole de l’Association de la construction du Québec, qui prévoit que les délais de livraison dans l’industrie seront courants jusqu’à l’an prochain.