Trump contre Musk, l’empereur et l’oligarque


Mathieu Bock-Côté
Donald Trump et Elon Musk viennent de se déclarer la guerre nucléaire.
Plusieurs s’attendaient à ce que ce couple politique improbable explose, mais rares étaient ceux qui prévoyaient la chose aussi rapidement.
On connaît le motif de la rupture: le budget.
Musk, libertarien, espérait un budget sabrant les dépenses de l’État. Il s’était lui-même mis à la tâche avec son DOGE, sans que les résultats soient à la hauteur de ses attentes.
Guerre
C’était inévitable. On ne déconstruit pas en trois mois un État administratif qui s’est mis en place strate par strate sur près d’un siècle.
Trump, de son côté, n’a jamais prétendu être un libertarien, même s’il s’était allié avec ce courant.
C’est plutôt, utilisons une catégorie exacte, un national-populiste, moins hostile à l’État que résolu à utiliser le pouvoir politique pour le projet national qui est le sien.
Ce choc des attitudes correspond à un vrai clivage dans la droite américaine.
Quoi qu’il en soit, ces deux-là étaient appelés à s’affronter.
On peut même en tirer une loi générale.
Quelle que soit l’époque, l’empereur n’aime jamais les oligarques qui prétendent le superviser, les oligarques ne tolèrent pas qu’on ne fasse pas ce qu’ils exigent. Ils finissent par s’entretuer.
J’en reviens à la violence du présent choc, où on a vu Musk accuser Trump de ne pas être étranger à la fameuse liste Epstein. On ne voit pas comment, quand de telles accusations sont lancées, la réconciliation deviendrait possible.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Décadence
Il ne s’agit plus seulement d’un affrontement politique, mais d’une tentation d’exécution politique et symbolique associant Trump à la pire des abominations.
On voit donc l’empire de notre temps se fracturer au sommet.
Comment ne pas y voir un signe de plus de la décadence américaine, et peut-être, mais peut-être seulement, le signe d’un avortement au bout d’un peu plus d’une centaine de jours de la révolution trumpienne?