Lehouillier blâme Legault personnellement pour la perte de crédibilité du projet de 3e lien


Marc-André Gagnon
Gilles Lehouillier demeure sceptique face au corridor central retenu par Geneviève Guilbault pour le troisième lien. À l’approche de la fin de sa carrière politique, le maire de Lévis blâme personnellement le premier ministre François Legault pour la perte de crédibilité du projet.
«Le problème numéro un avec le [troisième] lien autoroutier [entre Québec et Lévis], quant à moi, ma perception, ç’a été les hésitations du chef, M. Legault qui, moi personnellement, je suis convaincu qu’il ne croit pas au projet», a laissé tomber le maire Lehouillier, lors d’une mêlée de presse.
«La perte de crédibilité du projet a commencé au moment où M. Legault a décidé, à peu près unilatéralement, l’abandon du projet», a-t-il ajouté, faisant référence à l’épisode d’avril 2023, où le gouvernement avait annoncé que le troisième lien serait uniquement réservé au transport collectif.
La CAQ s’est finalement ravisée au lendemain de sa défaite dans Jean-Talon. N’eût été ce énième revirement, M. Legault «sait très bien qu’aujourd’hui il y aurait d’autres démissions sur sa table au niveau des députés, pour être franc», croit M. Lehouillier, qui ne sera plus sur les rangs lors des prochaines élections municipales, à l’automne.
«Ce sont les députés qui tiennent ce projet-là à bout de bras», a dit le maire.
Toujours sceptique
Mais de toute évidence, les ministres Jonatan Julien et Bernard Drainville, qui participaient à l’inauguration du parc de la Pointe-Benson dans le Vieux-Saint-Romuald mercredi matin, n’ont pas encore réussi à convaincre le maire Lehouillier que le corridor central, annoncé le mois dernier, était le bon choix pour le troisième lien.
Il a cependant eu l’occasion d’en discuter avec la ministre des Transports et de la Mobilité durable Geneviève Guilbault, avant les vacances estivales.
«Je lui ai dit: “Vous devez d’abord et avant tout regagner la confiance [de la population], c’est fondamental”», a raconté le maire, qui en sait encore trop peu sur le projet.
«On reste sceptique, mais en même temps ouvert. On est ouvert à aller voir le scénario qui va nous être déposé», a signalé M. Lehouillier, qui prévoit de rencontrer à nouveau la ministre Guilbault en septembre prochain.
«Un bon corridor», dit Drainville
Il reste toutefois à voir si Mme Guilbault sera encore en poste aux Transports, puisque le premier ministre a annoncé au début de l’été qu’il procéderait à un remaniement ministériel cet automne.
«Moi, tout ce que je souhaite, c’est d’avoir un ministre porteur qui va avoir la volonté de réaliser un lien autoroutier entre les deux rives», a indiqué à ce sujet M. Lehouillier.
Par ailleurs, le maire voit d’un bon œil la campagne de forages qui a débuté le 7 juillet dernier, et qui doit se poursuivre jusqu’à la fin septembre, en lien avec le projet.
«On va au moins savoir si le sol est capable de recevoir» un pont-tunnel dans l’axe retenu.
«C’est un bon corridor. C’est un juste milieu», a défendu de son côté le ministre responsable de la région de la Chaudière-Appalaches, Bernard Drainville.

«Écoutez, Mme Guilbault fait cheminer le projet comme on s’est engagé à le faire. Elle va préciser cet automne le tracé, le choix final pour le tracé. Puis on va avoir une idée beaucoup plus précise du budget à ce moment-là», a ajouté le député de Lévis.
On sait pour l’instant que la fourchette de coûts se situe entre 5,3 et 9,3 milliards $.
«Nous, ce qu’on veut, c’est que le projet avance le plus possible, qu’il se rapproche le plus possible de sa réalisation et on travaille en ce sens-là», a dit M. Drainville.
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