Défaite dans Jean-Talon: Legault déterre le 3e lien routier et veut consulter la population
Le premier ministre cause la surprise au lendemain de sa défaite dans Jean-Talon

Marc-André Gagnon
Craignant de « perdre Québec définitivement » après sa défaite cuisante dans Jean-Talon, François Legault a causé la surprise en redonnant vie à sa promesse abandonnée d’un troisième lien routier, sur lequel il souhaite que la population s’exprime, dans le cadre d’une consultation.
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« Écoutez, j’ai eu un message hier, j’en prends acte avec lucidité, avec humilité », a déclaré d’entrée de jeu le chef caquiste, en se présentant devant les journalistes avant de se rendre au Salon bleu, mardi après-midi.
À ses yeux, sa défaite dans Jean-Talon, avec deux fois moins de votes que le Parti québécois, s’explique principalement par l’abandon du volet routier du projet de tunnel Québec-Lévis, en avril dernier.
Remise en question
« Qu’on soit pour, qu’on soit contre le troisième lien autoroutier, il y a plusieurs gens dans la grande région de Québec qui ont senti qu’on ne respectait pas notre promesse concernant ce troisième lien », a analysé M. Legault.
« Donc il faut se remettre en question et il faut écouter les citoyens de Québec », a-t-il ajouté.
Rappelant que c’est dans la Capitale-Nationale que son parti a fait élire ses premiers députés, « il n’est pas question de perdre Québec définitivement », a signalé M. Legault.
« Donc je vais travailler très fort avec mes collègues, avec les députés, avec toute l’équipe de la CAQ pour reconquérir la confiance des gens de la grande région de Québec », a-t-il continu.
Pour le chef caquiste, « rebâtir le lien de confiance » avec la population doit passer par une grande consultation.
La balle dans le camp des citoyens
« Je veux écouter la population concernant le troisième lien, voir ce qui est proposé par la population, parce que c’est clair que ça nous a fait très mal, cette décision de l’abandonner », a dit M. Legault, sans préciser la forme que prendra cette consultation.
Pressé de questions par les journalistes, « pour l’instant, la balle est comme un peu dans le camp des citoyens », a laissé planer le premier ministre.
« D’abord, j’ai beaucoup de députés et sur la rive-nord [sic] et sur la rive-sud. Donc la première étape, ça va être vraiment de bien consulter mon caucus de Québec puis de Chaudière-Appalaches », a-t-il indiqué.
Selon les informations glanées par notre Bureau parlementaire, les élus du caucus caquiste de Québec ont été réunis dans une salle quelques minutes avant d’entrer au Salon bleu, après la sortie surprise du premier ministre. Questionnés par la presse parlementaire, d’autres élus caquistes ont été visiblement surpris de ce revirement. « On va laisser le premier ministre gérer son caucus. [...] Je ne l’ai pas entendue celle-là », a avoué le superministre Pierre Fitzgibbon.
Rappelons que c’est sur la base des plus récentes données compilées par des experts que la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, s’est appuyée pour enterrer le volet routier du projet de troisième lien, au printemps dernier.
Le premier ministre, qui semblait avoir fait son nid depuis le printemps en misant sur un projet dédié uniquement dédié au transport collectif, a répété qu’il doit maintenant « écouter la population ».
Mais d’un autre côté, « les citoyens hier, il ils ont voté pour le PQ qui est contre le troisième lien », a observé M. Legault, en laissant la porte ouverte à toutes sortes d’interprétations.
Ce qu’ils ont dit :
« Écoutez, j’ai eu un message, moi, hier. J’en prends acte avec lucidité, avec humilité. Puis là, je vais retourner devant la population pour dire : qu’est-ce que je peux faire pour avoir davantage votre appui ? »
– François Legault, premier ministre
« Je cherche mes mots honnêtement, pour décrire le niveau d’improvisation. Je trouve que ça manque de respect pour l’intelligence des gens. Les gens se sont fait vendre ce projet-là pendant deux élections de suite. [...] Ce que je souhaite, c’est que d’ici 2026, on ait tourné la page sur le troisième lien. »
– Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire
« On ne peut pas dire une chose et son contraire constamment, c’est difficile à suivre. [...] C’est minimalement de l’improvisation. »
– Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois
« Je pense qu’il est prêt à dire n’importe quoi. Et il le fait. »
– Pascal Bérubé, député péquiste de Matane–Matapédia
« Le résultat d’hier est on ne peut plus clair. On dit : le lien de confiance est ébranlé, puis les enjeux de mobilité sont au cœur de ça. On doit consulter les citoyens. Puis le troisième lien, ça fait partie de ces consultations. »
– Jonatan Julien, ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale
« On a toujours eu des discussions pour améliorer la mobilité entre Québec et Lévis. [...] Il faut trouver une solution pour améliorer la mobilité entre Québec et Lévis, parce que les deux ponts sont vieillissants. »
– Samuel Poulin, député caquiste de Beauce-Sud
« Tout le monde doit prendre une grande respiration. [...] C’est quand même assez étonnant, le seul parti [le Parti conservateur du Québec] qui proposait un troisième lien [routier] est arrivé cinquième [dans Jean-Talon]. »
– Sol Zanetti, député solidaire de Jean-Lesage
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