Legault ne regrette pas d’être intervenu dans l’élection fédérale
Marc-André Gagnon | Bureau parlementaire
Maintenant que Justin Trudeau a été reconduit au pouvoir, François Legault, qui se défend d’être à droite en se définissant comme un politicien « de la gauche efficace », ne regrette en rien d’avoir pris position en fustigeant le chef libéral pendant la campagne électorale fédérale.
Au cours des dernières heures, M. Legault a pris le téléphone pour féliciter M. Trudeau de sa réélection. «Je lui ai parlé tantôt. C'est sûr qu'on a des différends, mais on s'est dit tous les deux qu'on était capables de travailler ensemble, [...] pour le bien des Québécois, pour les intérêts des Québécois», a-t-il résumé en réagissant aux résultats du scrutin.
Si c’était à refaire, le chef caquiste assure qu’il interviendrait exactement « de la même façon ».
«Je suis intervenu. Je ne le regrette pas. [...] J’ai défendu l’autonomie du Québec et je vais toujours défendre l’autonomie du Québec», a martelé M. Legault.
À ses yeux, la réélection d’un gouvernement minoritaire au Parlement canadien confirme qu’aucun parti à Ottawa ne peut aspirer à une majorité sans un plus grand appui des Québécois.
«Le Québec est incontournable», a-t-il lancé, en répétant que la plupart des Québécois ont voté « bleu », soit pour les conservateurs ou le Bloc québécois.
«M. Trudeau doit tenir compte de ça», considère le premier ministre du Québec.
Selon lui, c’est parce que les électeurs ont voté en fonction de plusieurs enjeux que les troupes conservatrices d’Erin O’Toole, dont il vantait l’approche, n’ont pas marqué davantage de points au Québec.
Message aux libéraux «choqués»
Aux libéraux mécontents – comme Mélanie Joly, qu’il ne s’est pas gêné pour nommer – François Legault suggère de prendre acte du message « très clair » envoyé par les Québécois.
«Qu’ils tiennent compte du fait que la majorité des Québécois veulent qu’on protège les champs de compétence des Québécois, ils veulent qu’on protège notre langue, ils veulent qu’on protège nos valeurs», a dit le premier ministre.
Le chef caquiste refuse aussi qu’on lui accole l’étiquette du conservateur de droite, comme l’a fait le libéral Joël Lightbound (Louis-Hébert) lundi soir. « Je me suis toujours défini comme étant de la gauche efficace », a dit M. Legault.
Interrogé par un journaliste à savoir si M. Trudeau est «woke», François Legault s’est limité à dire que le chef libéral est «un multiculturaliste».
M. Legault, qui a récemment passé le flambeau de la présidence du Conseil de la fédération à son homologue de la Colombie-Britannique, John Horgan, a par ailleurs annoncé que les premiers ministres des provinces et territoires réclameront une rencontre au sommet avec Justin Trudeau d’ici la fin de l’année.
Sans surprise, l’augmentation des transferts en santé sera le premier point à l’ordre du jour. «Il y a une urgence d’agir», a insisté M. Legault.
Un 3e lien avec ou sans Ottawa
Par ailleurs, le chef caquiste a réitéré son engagement de construire un 3e lien autoroutier entre Québec et Lévis «avec ou sans l’argent» d’Ottawa. «Mais je m’attends à avoir de l’argent du fédéral», a-t-il ajouté.
Pendant la campagne électorale, seuls les conservateurs ont accepté de promettre un financement équivalent à 40 % des coûts du tunnel qui sont estimés entre 6 à 10 milliards $, comme M. Legault le demandait.
«On souhaite avoir l'argent du fédéral et puis actuellement, il n'y a pas personne qui m'a présenté un meilleur projet», a relaté M. Legault.
«Actuellement, il y a de la congestion, a-t-il rappelé. On prévoit que ça va se détériorer, ça ne va pas s'améliorer donc ça prend une solution. [...] Il y a un problème, il faut régler le problème.»