Legault et Dubé «cherchent la bagarre»: les médecins envisagent des moyens de pression

Les médecins envisagent de recourir à des moyens de pression pour protester contre la décision du gouvernement Legault de leur imposer un nouveau mode de rémunération basé sur la performance. 

Dans une charge à fond de train contre le nouveau projet de loi du ministre Christian Dubé, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a accusé le gouvernement Legault de «chercher la bagarre» pour éclipser ses échecs.

«On est devant un spectacle politique, devant un ministre qui dépose un projet de loi parce qu’il est en train de se noyer, parce qu’actuellement les ressources qu’il nous a promises ne sont pas au rendez-vous, a pesté le D^r Vincent Oliva. On n’a pas de salle d’opération, on n’a pas de clinique externe, on n’a pas de secrétaire, il n’y a pas d’ordinateur, les infrastructures sont croulantes, nos hôpitaux sont vieux, il y a des chauves-souris, des mouches dans les salles d’opération!»

Le «même style» que Gaétan Barrette

Selon le président des spécialistes, le ministre de la Santé est en train de torpiller leur négociation à coup de projets de loi qui bafouent leurs droits. Le D^r Oliva compare même son «style» avec celui de l’ex-ministre libéral Gaétan Barrette.

Il estime que Québec ne peut imposer de la sorte un nouveau mode de rémunération liant 25% des revenus à l’atteinte d’indicateurs de performance quant aux délais des chirurgies, alors que les médecins spécialistes n’ont pas la possibilité de faire les opérations requises et d’hospitaliser les patients faute de personnel. Les blocs opératoires ne sont ouverts que trois jours par semaine dans certains coins de la province par manque d’infirmières.

«Je suis prêt à parler de performance, mais eux autres, vont-ils être performants, vont-ils être capables de nous donner des outils?» a raillé le président de la FMSQ. «Est-ce qu’on devrait lier une partie de la rémunération du ministre de la Santé par rapport à l’atteinte de ces objectifs? Ça se joue à deux, ces histoires-là».

Pas de magie

Les médecins de famille ne sont pas beaucoup plus tendres à l’endroit du plan de Christian Dubé. Ils devront rendre disponibles 18 millions de plages de rendez-vous par année pour atteindre leurs objectifs de performance. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) n’exclut pas elle non plus des moyens de pression, qui ne toucheraient toutefois pas les services à la population.

«Le problème de fond est une pénurie de plus de 2000 médecins de famille et le besoin d’ajouter d’autres professionnels de la santé pour appuyer les médecins. Un projet de loi ne créera pas, par magie, des milliers de nouveaux médecins de famille. Il ne réglera pas l’absence de ressources professionnelles pour les appuyer», a fait valoir le syndicat des généralistes.