Legault est-il encore chill?


Sophie Durocher
J’ai une mauvaise nouvelle pour François Legault.
Vous vous souvenez de la pub du gouvernement Legault avec le faucon pèlerin? «Cet oiseau de proie vraiment sick est reconnu pour être assez chill. Parce qu’il est super quick en vol, il peut passer la majorité de son temps à watcher son environnement».
Le gouvernement voulait dénoncer l’utilisation de mots anglais. Mais... coup de théâtre! Dans le nouveau Petit Robert, on retrouve le mot «chill». C’est tellement drôle, ça me donne envie de crier Go Legault Go.

Du coup, on chille?
Il y a donc plus de 150 mots ou expressions et des noms propres qui font leur entrée dans Le Petit Robert pour l’édition 2026.
Mais j’avoue que j’ai sursauté quand j’ai vu que «chill», ce mot honni, se faisait dérouler le tapis rouge par les éminents linguistes et lexicographes du Petit Robert.
Voici la définition du dictionnaire: «Mot anglais américain. Calme, tranquille. Relax. Décontracté. Cool. Un gars très chill. Des soirées chill. Une tenue chill».
On savait que les Français aimaient les mots anglais, entre leur shopping, leur footing et leur pressing. Mais nous envoyer, comme ça, l’introduction du chill dans le dico, ça fait mal. Du coup, comment voulez-vous faire la morale aux jeunes en leur défendant d’utiliser des mots anglais alors qu’ils peuvent nous lancer: «c’est dans le dictionnaire»!
Non, sincèrement, j’ai bien ri en lisant les nouveaux mots acceptés dans le Petit Robert.
Pouvez-vous croire que les wokes et les petits lapins fragiles font leur entrée dans le Robert? À deux endroits en plus. Tout d’abord, l’expression «pelleteux de nuages» est maintenant acceptée dans toute la francophonie sous la définition: «Une personne rêveuse, qui perd son temps à échafauder des projets chimériques». Ça va faire plaisir aux électeurs de Québec solidaire.
Et puis le mot microagression est maintenant accepté. «Acte ou propos d’apparence banale, généralement dénué de malveillance, mais perçu comme discriminant la personne visée (ex. remarque liée à l’apparence physique, à l’origine ethnique supposée...)».
Tous les militants qui se mettent à hurler dès qu’on n’utilise pas le bon pronom vont enfin pouvoir se sentir «validés» et «inclus». Tous les microagressés de la terre, unissez-vous! Une personne bienveillante qui vous voit manger du couscous vous demande si vous venez du Maroc? Dénoncez-la pour «microagression», vous avez «le doua», c’est dans le dictionnaire!
Rita Baga et Mona de Grenoble font aussi leur entrée dans le dictionnaire avec l’acceptation du mot masculin «drag». Selon le Petit Robert 2026, le drag est un «art consistant à interpréter un personnage (souvent du sexe opposé) à l’apparence recherchée et exubérante, en jouant sur les stéréotypes de genre».
Mais les LGBTQ+ et leurs alliés disent que c’est très vilain les stéréotypes de genre et qu’il faut les combattre. Alors que le dictionnaire dit au contraire que les drags en jouent! Peut-être que les drags vont se sentir micro-agressé.e.s par cette définition.
Déconstruire la ville
Parmi les nouvelles entrées: «cône orange» se retrouve maintenant dans le Petit Robert. Exemple de phrase citée dans le dictionnaire: «Les cônes orange foisonnent dans la métropole».
On félicite Valérie Plante! On a enfin trouvé son héritage: être citée dans le dictionnaire sans même que son nom apparaisse!