Legault a su connecter avec les Québécois


Rémi Nadeau
Après un premier mandat d’un gouvernement caquiste, la plus grande réussite de François Legault a été de créer une forte connexion avec les citoyens, et c’est son principal gage de longévité.
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Son discours d’ouverture, axé sur la fierté retrouvée, a fait mouche.
Un nationalisme décomplexé et une préoccupation pour les besoins du monde ordinaire ont fait de lui un premier ministre de proximité.
Étonnant de se rappeler que la plupart des observateurs soulignaient son manque de charisme pour expliquer la lente progression de la CAQ à ses débuts.
Heureusement pour lui, il a agi rapidement, en début de mandat, avant que la pandémie vienne freiner ses élans.
Là où plusieurs politiciens avaient trahi la confiance des électeurs, le chef caquiste a marqué de précieux points en livrant tous ses engagements à l’égard du portefeuille des Québécois.
Les propriétaires ont bénéficié de la baisse de taxes scolaires, les familles, d’une généreuse hausse d’allocation pour le deuxième enfant et les suivants.
Certains parents ayant de bons revenus ont économisé quelques milliers de dollars avec le retour au tarif de garderie unique, après avoir été saignés par la taxe famille de Philippe Couillard.
Brouillons...
Par contre, les caquistes ont paru brouillons à bien des égards.
Une des promesses les plus importantes de François Legault, la création des maternelles 4 ans, semble avoir été planifiée les yeux fermés.
Le coût de construction des classes qui avait été estimé à 120 000 $ est passé à 800 000 $ après l’installation de la CAQ au pouvoir et a forcé le parti à revoir ses ambitions à la baisse.
Un tel raté aurait pu avoir des conséquences bien plus fâcheuses sur la cote de popularité de la coalition, n’eût été le grand capital de sympathie dont François Legault avait déjà fait le plein.
Le coût des maisons des aînés a aussi été revu à la hausse.
Le projet de troisième lien Québec-Lévis a subi une série de transformations qui semblent sans fin et on n’aperçoit aucune pelletée de terre à l’horizon, si ce n’est en rêve.
Puis, l’engagement d’aller chercher 1 milliard de dollars dans la rémunération des médecins spécialistes, qui exigeait du « courage » comme le répétait le chef caquiste à la mue éternelle, a été victime de réduflation.
Comment expliquer aussi que la CAQ, tellement au diapason des citoyens, ait réalisé seulement une fois au pouvoir que ceux-ci attendaient plus en matière d’environnement ?
... Mais débrouillards
Quand la pandémie a frappé, provoquant la fermeture de l’économie et une vague de décès d’une tristesse sans nom, le gouvernement aurait pu là aussi payer un lourd prix politique.
François Legault a réussi à incarner un capitaine de navire rassurant et mobilisateur à travers la tempête, en s’adressant aux Québécois tous les jours.
La campagne de vaccination, avec Clic santé, et la création d’une formation accélérée et rémunérée pour aller chercher près de 10 000 préposés aux bénéficiaires supplémentaires ont été des succès.
Le gouvernement n’a pas hésité à offrir des primes pour embaucher des infirmières supplémentaires, et à accorder une hausse de salaire aux éducatrices de garderie avant même la conclusion d’une entente avec les syndicats, pour freiner une vague de départs.
Il y avait là, assurément, audace et débrouillardise.
Bref, les autres formations politiques ont suffisamment de failles dans la coque caquiste à exploiter pour mener une bataille électorale intéressante au terme de ce premier mandat.
Mais bien des Québécois reconnaissent qu’on leur a remis beaucoup d’argent, tout en maintenant des niveaux de dépense élevés en santé et en éducation ainsi qu’en promouvant un nationalisme qui leur a plu.
Ça rend le navire difficile à couler pour l’instant...