Legault a demandé à Elon Musk de convaincre Trump

Marc-André Gagnon
François Legault a demandé à Elon Musk «de convaincre son ami Donald Trump» que l’avenir passe par les véhicules électriques. De passage sur la Côte-Nord, le premier ministre a rappelé que le Ford F-150, très prisé des Américains, est fabriqué avec de l’aluminium québécois.
En marge d’une visite à l’aluminerie Alouette de Sept-Îles, François Legault a dit qu’il espérait rencontrer, lors de son voyage à Washington le 12 février prochain, le futur secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, pour lui exposer l’importance des échanges entre le Québec et les États-Unis.
Mercredi, M. Lutnick a laissé entendre que M. Trump pourrait épargner le Canada de tarifs douaniers de 25% à compter de samedi si Justin Trudeau resserrait les contrôles aux frontières et enrayait le trafic de fentanyl. De la musique aux oreilles du premier ministre Legault, qui préfère éviter une guerre commerciale et des représailles envers les États-Unis.
L’aluminium québécois: irremplaçable
«Les premiers pénalisés, ce seraient les acheteurs américains», considère le chef caquiste.
Selon lui, il serait carrément «impossible pour les États-Unis de remplacer l’aluminium qui vient du Québec».
«Le Ford F-150, il est fait avec de l’aluminium du Saguenay», a indiqué le premier ministre, à titre d’exemple.
M. Legault a révélé qu’il a profité d’une brève rencontre avec le nouveau bras droit de Donald Trump, lors de la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, avant Noël, pour faire valoir que la lutte aux changements climatiques passait par davantage de véhicules électriques.
«Quand j’ai rencontré Elon Musk, qui est le propriétaire Tesla, je lui ai demandé de convaincre son ami Donald Trump que l’avenir, ce sont les véhicules électriques», a raconté le premier ministre.

À moyen terme...
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la fin des subventions offertes aux Américains à l’achat de véhicules électriques en plus d’annuler un décret signé par son prédécesseur, visant à faire en sorte que la moitié des véhicules vendus aux États-Unis soient électriques ou hybrides en 2030.
En conséquence, Québec envisage maintenant de repousser l’interdiction de la vente de véhicules à essence prévue en 2035.
«Moi, à moyen terme, je continue à être un grand défenseur des véhicules électriques, puis de la filière batterie», a signalé M. Legault.
«Oui, M. Trump est là pour quatre ans, mais moi, je suis convaincu que les Américains puis toute la planète [veulent], pour les prochaines générations, qu’on lutte contre les changements climatiques, puis ça, bien ça passe entre autres par des véhicules électriques. J’y crois encore», a dit le premier ministre.
Legault trop «mou face à Trump»
En début de journée, la co-porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal a observé que «M. Legault [était] très mou face à Trump».
«Il devrait plus bomber le torse pour montrer qu’il protège les Québécois face à la crise qui pourrait avoir lieu», a dit la députée de Mercier.
«On dirait qu’il se dit: “Bien, on est trop petits par rapport à eux, donc on ne peut rien faire, donc on est mieux de ne pas le provoquer”», a déploré Mme Ghazal.
Plaidant pour la souveraineté, le député péquiste Pascal Bérubé a souligné que François Legault se retrouve confronté «aux limites de sa fonction» face à Donald Trump, en ce sens où, dans l’état actuel des choses, le premier ministre du Québec ne contrôle ni la frontière avec les États-Unis ni sa diplomatie.
«C’est François-Philippe Champagne puis Mélanie Joly qui parlent pour François Legault. Même si le premier ministre a, [dans] son compte Instagram, une photo de Donald Trump, ça ne va pas empêcher le président américain d’agir,», a noté M. Bérubé.