L’effritement de la démocratie américaine causée par Trump est plus inquiétant que vous ne le pensez

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche il y a un peu plus de 100 jours, les parallèles entre les États-Unis et les régimes autoritaires s’additionnent. L’inquiétante vitesse à laquelle la démocratie américaine s’érode doit inciter le Canada à agir avant qu’il ne soit trop tard, avertit un expert.

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L’histoire récente le démontre: il est désormais «presque impossible» d’identifier avec précision le moment où un pays démocratique sombre dans l’autoritarisme, souligne le titulaire de la nouvelle Chaire de recherche Démocratie et éthique publique de l’Université Laval, Patrick Turmel.

«Les cas de Viktor Orban en Hongrie et de Vladimir Poutine en Russie illustrent bien ce changement progressif. Ils ont attaqué le système électoral, ainsi que la liberté de presse, universitaire et judiciaire de leur pays pendant plusieurs années avant que l’on s’aperçoive de l’effondrement de leur démocratie», illustre-t-il.

Ce qui préoccupe avec les États-Unis de Donald Trump, c'est que ces changements s’opèrent à vitesse grand V.

«C’est inquiétant, parce qu’on voit que la même chose se produit aux États-Unis [qu'en Russie et en Hongrie], mais en version très accélérée. Il n’y a aucun autre exemple récent où le basculement institutionnel s’est fait aussi rapidement», insiste le professeur Turmel.

Selon lui, l’avenir de la démocratie américaine dépend de la capacité de l’appareil judiciaire à résister aux attaques du locataire de la Maison-Blanche et de son administration.

«Est-ce que le système de justice va réussir à freiner le président Trump quand il attaque la Constitution? Le problème, c’est qu’on a longtemps cru que le respect de la séparation des pouvoirs était immuable et que quand le judiciaire bloquait des décisions politiques, c’était respecté. On ne s’est jamais posé la question à savoir ce qui arriverait si l’exécutif décidait d’ignorer la justice [comme c’est le cas actuellement].»

Le Canada potentiellement à risque

Lorsqu’on lui demande si un tel glissement autoritaire pourrait se produire au Canada, Patrick Turmel est sans équivoque: «Je crois que ça serait naïf et dangereux de croire que nous sommes à l’abri d’un tel revirement.»

Même que le système politique canadien serait encore plus fragile que celui des États-Unis, notamment en raison de l’immense pouvoir dont dispose le bureau du premier ministre à Ottawa, surtout en cas de gouvernement majoritaire.

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À l’heure actuelle, si un politicien décidait d’agir comme Donald Trump, il pourrait mettre le pays «fortement dans le pétrin», avertit l'expert.

C’est pourquoi, dit-il, le Canada doit prendre maintenant les mesures nécessaires pour renforcer la séparation des pouvoirs au pays et l'indépendance de son système électoral. 

«Je ne suis pas super optimiste. Je ne sais pas si on va faire ce choix-là, mais c’est la décision à prendre. Est-ce qu’on renforce notre démocratie avant d’être acculé au pied du mur ou on demeure naïf et on espère que les choses ne se dégradent pas de la même manière qu’elles se dégradent aux États-Unis?», demande Patrick Turmel.

Des dérives américaines qui parlent d’elles-mêmes:

• Des citoyens libres déportés vers une prison étrangère sans procès
• Des étudiants détenus pour avoir exprimé leurs opinions
• Des juges fédéraux menacés et ignorés
• Des dissidents chassés de la fonction publique
• Des médias attaqués par le gouvernement
• Des universités attaquées par le gouvernement 
• Des attaques directes contre la Constitution