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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

L’école à la maison: une alternative nécessaire fragilisant la cohésion sociale

shocky - stock.adobe.com
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Photo portrait de Shophika Vaithyanathasarma

Shophika Vaithyanathasarma

2025-02-05T20:30:00Z
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L’école à la maison divise. Certains y voient une liberté éducative, d’autres, un risque de décrochage et d’inégalités. Une chose est claire: il ne faut ni diaboliser cette pratique ni l’idéaliser. 

Qui choisit l’école à la maison et pourquoi?

La chercheuse Christine Brabant a fait un rapport détaillant le profil sociodémographique des parents ayant choisi l’école à la maison en 2022. Cela a alimenté ma réflexion quant au profil des parents qui optent pour l’enseignement à domicile.

D’abord, il y a ceux qui font ce choix par conviction, souvent pour des raisons religieuses ou philosophiques. Minoritaires, ces familles existent. Certaines d’entre elles contribuent à la formation de communautés parallèles. Prenons l’exemple des familles juives hassidiques, l’important, c’est qu’elles se disent satisfaites de leur modèle éducatif!

Ensuite, il y a les parents qui souhaitent offrir un enrichissement à leurs enfants. Ceux-là ne rejettent pas l’école, ils la jugent insuffisante. Trop rigide, trop standardisée, pas assez stimulante pour des enfants curieux. Ces familles utilisent des méthodes d’apprentissage flexibles et intègrent des expériences variées.

Enfin, le journaliste Zacharie Goudreault nous apprend qu’il y a aussi les parents d’enfants ayant des besoins particuliers variés. Pour eux, l’école n’est pas adaptée, faute de ressources suffisantes. Avec une pénurie de professionnels en éducation spécialisée, certains enfants n’ont pas accès aux services auxquels ils ont droit. Peut-on encore parler de liberté éducative quand l’alternative est imposée par l’échec du système public?

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Une comparaison difficile avec le réseau scolaire

Ce qui est certain, c’est que l’école à la maison peut être un filet de sécurité pour des jeunes qui risquent autrement de décrocher. Un enfant qui n’apprend pas en classe par manque d’adaptations ou de services pourrait peut-être s’épanouir dans un environnement plus personnalisé. Mais encore faut-il que ce filet soit solide, bien encadré et accessible à ceux qui en ont besoin...

Des chiffres datant de 2022 indiquent que les élèves scolarisés à domicile obtiennent en moyenne des résultats plus faibles aux examens ministériels. Mais peut-on réellement comparer leur parcours avec celui des élèves en classe? Probablement pas. Il faudrait des données plus précises pour évaluer leur réussite en fonction de profils équivalents.

De plus, il est nécessaire que le ministère de l’Éducation aille plus loin en recueillant des données plus précises sur les motivations des familles. Pourquoi choisissent-elles cette option? Manque de services spécialisés? Violence? Désaccords pédagogiques? Ces informations aideraient à ajuster les politiques éducatives et à proposer de meilleures options, comme les écoles alternatives, pour ceux qui choisissent l’école à la maison par défaut.

L’objectif ne devrait pas être de restreindre l’éducation à domicile, mais de la maintenir comme une option exceptionnelle et bien encadrée. Ça ne doit surtout pas être une solution de repli face aux lacunes de notre système scolaire. 

Si l’école publique parvient à répondre aux besoins de tous ses élèves, il y aura alors moins de familles qui ressentiront le besoin de s’en retirer. Car au-delà de l’apprentissage, l’école publique est un projet collectif, une pierre angulaire de la cohésion sociale qu’il faut préserver.

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