Surenchère avec la Chine, républicains inquiets, «deal» recherché: voici ce que doivent surveiller les investisseurs à la Bourse

David Descôteaux
Donald Trump a continué hier de mettre des millions d'investisseurs sur les nerfs avec des rendements boursiers qui ont perdu au moins 10% ces derniers jours.
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Après avoir ouvert la journée en forte baisse, les principaux indices ont remonté la pente et terminé la journée de lundi à peine dans le rouge. Depuis l’annonce des tarifs de Donald Trump mercredi soir, les bourses ont chuté de quelque 10 %.
L’indice américain S&P 500, par exemple, a chuté de près de 10 % en 24 heures jeudi dernier. L’indice canadien TSX a aussi perdu des plumes, soit plus de 8 % depuis mercredi.
La réplique tarifaire de la Chine a donné une autre secousse aux marchés vendredi, qui ont connu leur journée la plus noire depuis longtemps.
Fausse rumeur
Hier, une rumeur de pause des tarifs a ensuite embrasé les marchés en après-midi, mais l’administration Trump a nié ces rumeurs et les marchés ont connu un nouveau retournement vers le bas.
« Ces tarifs changent l’ordre économique du monde, souligne Sebastien Betermier, professeur de finances à l’Université McGill. On ne parle pas de tarifs de 2 % à 3 %, on parle de tarifs qui montent à 30 % ou 40 %. C’est énorme ! Ce sont des taxes qui sont appliquées dans une économie mondiale qui s’est développée d’une façon extrêmement intégrée. »
Le spécialiste s’attend à ce que la volatilité perdure encore sur les marchés pendant plusieurs jours.
« La grande question pour moi, c’est : est-ce que les marchés vont réussir à convaincre l’administration Trump qu’ils sont potentiellement en train de mettre l’économie mondiale dans le mur ? C’est la grande question, mais je ne m’attends pas à revenir à un grand calme demain », dit-il.
Braquer aussi des milliardaires
D’ailleurs, l’investisseur milliardaire américain Bill Ackman, un partisan de Trump, a exhorté lundi l’administration à geler les projets de tarifs douaniers pour éviter une « guerre nucléaire économique ».
Pour le premier ministre canadien Mark Carney, qui a dirigé la Banque du Canada et celle d’Angleterre, la chute des marchés boursiers mondiaux n’est pas une surprise.
« Ils réagissent à ce que nous avons annoncé, à savoir que ces droits de douane sont fondamentalement préjudiciables à l’économie américaine et aussi à l’économie mondiale », a-t-il ajouté.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
À surveiller dans les prochaines jours
L’ennemi juré
La Chine lui tient tête et ça finit en surenchère
Donald Trump a menacé hier d’alourdir les droits de douane américains sur les produits chinois si Pékin persiste à vouloir riposter à son offensive douanière.
« Si la Chine ne retire pas son augmentation de 34 % (de droits de douane sur les produits américains) (...) d’ici demain (mardi) 8 avril, les États-Unis imposeront des droits de douane ADDITIONNELS de 50 % sur la Chine, à partir du 9 avril », a affirmé le président américain sur sa plateforme Truth Social.
La Chine a affirmé hier qu’elle n’allait pas courber le dos face aux pressions ou menacer.
« Nous avons dit clairement à plusieurs reprises que faire pression ou menacer la Chine n’était pas la bonne manière de traiter avec nous », a déclaré le porte-parole de l’ambassade la Chine aux États-Unis, Liu Pengyu
Si Washington met sa dernière menace à exécution, cela porterait cette surtaxe à un exorbitant 104 %, qui doublerait le prix des produits chinois à l’entrée sur le sol américain.
Les négociateurs
Plusieurs pays cherchent un meilleur deal
L’Union européenne (UE) a proposé hier à Washington d’abolir les droits de douane de part et d’autre de l’Atlantique sur les produits issus de l’industrie, comme les voitures et les médicaments.
Il s’agit pour eux de sortir avec le moins de dommages possible de la guerre commerciale initiée par les États-Unis.
En cas d’échec des négociations, « nous sommes également prêts à répondre par des contre-mesures et à défendre nos intérêts », a affirmé la cheffe de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen.
Un entretien téléphonique a eu lieu hier entre le premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, et Donald Trump, ont rapporté les deux responsables.
Le Bangladesh a demandé à Washington de suspendre pendant trois mois l’application des nouveaux droits de douane punitifs de... 49 %.
Les Républicains inquiets
Des alliés de Trump commencent à le trouver intense
Entre craintes pour l’économie américaine et peurs pour leur propre avenir électoral, un nombre croissant de républicains font entendre une petite musique de contestation face aux droits de douane massifs annoncés par le président.
« Si nous entrons en récession, particulièrement une récession sévère, 2026 sera très probablement une boucherie » politique, a lancé vendredi le sénateur républicain Ted Cruz. L’élu du Texas évoquait les conséquences de droits de douane prolongés sur les chances des républicains aux élections législatives de mi-mandat en novembre 2026.
La défense du libre-échange est un principe fondamental du Parti républicain depuis de nombreuses décennies. La volte-face protectionniste amorcée par le locataire de la Maison-Blanche bouleverse donc la doctrine de son camp, sur lequel il conserve toutefois une main de fer.
Un autre sénateur conservateur, Chuck Grassley, a présenté la semaine passée une proposition de loi qui imposerait au président américain d’obtenir l’approbation du Congrès pour tout nouveau droit de douane. Un texte similaire va être introduit à la Chambre des représentants, a annoncé dimanche l’élu républicain Don Bacon.
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