Le vrai visage de Véronique Cloutier


Sophie Durocher
Vous avez vu la une du plus récent magazine Véro?
Véronique Cloutier pose sans maquillage, sans mise en plis, sans artifice. Pas de stylisme non plus. Véro y apparaît en t-shirt blanc et en jeans.
Je dis «bravo». Ça prend du culot pour se montrer «toute nue» sur une photo qui va être vue des milliers de fois à la caisse de l’épicerie et commentée sur toutes les plateformes par tous les «bizoune24» ou «matantePierrette» cachés derrière leur clavier.
En fait, j’applaudis Véro, car c’est comme si elle disait à tout le monde: «Je m’en fous si vous m’aimez pas la face, moi j’m’aime!».
EN TOUTE TRANSPARENCE
La transparence, Véro connaît ça. J’ai déjà écrit dans cette chronique à quel point j’avais été touchée par son docu Loto-Méno, dans lequel elle parlait très ouvertement de sa sécheresse vaginale et de ses problèmes de comportement hormonal causés par la *&?%R#$%?&* de ménopause.
Pour célébrer ses 50 ans, Véronique Cloutier a donc décidé de montrer son vrai visage, celui avec lequel elle se réveille le matin, la face qu’elle a quand elle fait ses courses et qu’elle n’est pas «en représentation».
On est d’accord qu’à la base, Véro est un pétard. Pas sûr que si elle avait l’air d’un boudin «au naturel», elle aurait eu l’idée de se montrer telle quelle... «au naturel».
Quand je vois des vedettes qui posent sans maquillage (Alicia Keys, Pamela Anderson, Vanessa Pilon, etc.), je me pose la même question: pourquoi ce sont toujours des filles splendides qui font ça?
Mais ce qui est fou, c’est que même les pétards se font dire qu’elles sont moches!
En entrevue à QUB radio au 99,5 FM la semaine dernière, Véronique Cloutier m’a raconté qu’il y a de mauvaises langues qui lui ont écrit: «T’es ben maganée!» ou encore «Y’a des filles de 60 ans plus belles que toi». D’ailleurs, dans son texte éditorial de présentation dans le magazine, Véro écrivait qu’elle avait peur de la réaction de gens «dont la haine n’a d’égale que leur méchanceté».
Heureusement, la grande majorité des commentaires ont été positifs.
Mais attention, la une de Véro n’est pas un message anti-maquillage. On se maquille si ça nous tente, on s’en passe si ça nous tente.
Véro m’a dit que le message qu’elle voulait envoyer avec cette une, c’est plutôt: «On peut-tu être comme on veut? On peut-tu vivre?».
Je rajouterais: on peut-tu se foutre du regard des autres?
PROVOCANTE!
Élisabeth Mercier, prof à la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval, vient tout juste de publier dans la revue Sexuality & Culture une passionnante étude sur le slutshaming, soit «l’idée de critiquer, [de] stigmatiser ou [de] culpabiliser les femmes jugées trop provocantes».
J’ai sursauté quand j’ai lu ce que la prof racontait au sujet des personnes interviewées: «Elles m’ont parlé des femmes de leur famille, particulièrement de leur mère, mais aussi de leurs grands-mères ou de leurs tantes, qui leur disaient qu’elles avaient l’air d’une pute quand elles s’habillaient de telle ou telle manière».
Mesdames, on devrait peut-être se regarder dans le miroir?