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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le violon Stradivarius 1701 «Deveault», c’est ma coupe Stanley

Photo Chantal Poirier
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Photo portrait de Rodger Brulotte

Rodger Brulotte

2023-06-29T22:10:06Z
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Le directeur artistique et chef attitré de l’Orchestre symphonique de Longueuil et violoniste soliste canadien, Alexandre Da Costa, est né à Montréal. Dans sa jeunesse, il a habité dans les environs de l’avenue du Parc et le boul. Saint-Joseph à Montréal. Avec son frère Pascal et sa sœur, Isabelle Chouinard, ils ont été élevés par leur mère qui a fait des sacrifices pour leur permettre de poursuivre leurs ambitions.

Il a aussi fait partie de la troupe de ballet qui accompagnait les Grands Ballets Canadiens dans le ballet enchanteur Casse-Noisette, à la Place des Arts. Comme il me l’a si bien exprimé, certains enfants de son quartier aimaient différents sports, cependant, pour lui, sa passion, c’était la musique classique.  

Tu as commencé à jouer du violon à 5 ans et du piano à 8 ans.

J’adorais jouer de ces instruments et d’ailleurs, j’avais à peine 6 ans quand je donnais des mini-spectacles.


À 9 ans, tu étais en tournée au Japon.

À bien y penser, je n’étais pas trop vieux, alors que je jouais Beethoven, concerto solo violon, avec 100 musiciens. Cependant, cette tournée m’a permis de réaliser qu’un jour, je voudrais choisir ma musique et non pas toujours celle du directeur musical ou du chef d’orchestre. 

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Tu as fait ton secondaire à Montréal.

J’ai étudié à l’École secondaire Pierre-Laporte, à Ville Mont-Royal, qui offrait un programme d’enseignement de la musique de 90 minutes chaque jour. Le matin, je devais me lever tôt pour pratiquer à la maison et le soir après l’école, je poursuivais mon apprentissage.


Aviez-vous un piano à la maison ? 

Nous étions une famille humble et l’argent ne coulait pas à flots. Maman avait un piano droit jusqu’au jour où, grâce à la complicité et à la générosité du fabricant des pianos Baldwin, on s’est retrouvé avec un piano à queue Baldwin à la maison.


Tu ne pourrais jamais assez remercier ta mère.

Ma mère, Véronique, mangeait souvent du riz blanc, car elle se privait de manger du steak afin de payer mes études. Elle avait trois emplois. Jamais, je n’aurais pu faire les sacrifices pour mon fils que ma mère a faits pour moi.


Ta mère est une artiste-peintre.

Maman faisait de la peinture et elle m’écoutait jouer du piano et du violon dans la maison. Elle m’a fait découvrir la beauté et la culture de la musique classique sans jamais me l’avoir imposée. Je serai toujours reconnaissant envers elle. 


Tu as terminé ton secondaire à l’âge de 14 ans.

Après avoir terminé mon secondaire à l’âge 14 ans, j’ai fait un an au cégep avant d’amorcer mes études universitaires en musique. Au même âge, j’ai participé aux Concerts de la matinée de l’OSM dirigés par Charles Dutoit.


Tu te déplaçais dans les rues de Montréal en scooter.

Après avoir terminé mon cours de piano à Vincent d’Indy, de l’Université de Montréal, je me déplaçais en scooter avec mon violon dans son étui suspendu autour de mon cou pour me rendre au Conservatoire de musique de Montréal qui à l’époque était situé dans le Vieux-Montréal.

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Tu maîtrisais deux instruments.

J’ai obtenu une maîtrise en violon et un premier prix concours au Conservatoire de musique du Québec, ainsi qu’un baccalauréat spécialisé en interprétation piano à l’Université de Montréal.


Le directeur du Patriote et beaucoup de gens te considèrent comme un enfant prodige. 

Le directeur du Théâtre Le Patriote à Sainte-Agathe, Alexandre Gélinas, un ancien collègue lors de mes cours de piano à Vincent d’Indy, avec qui j’ai encore beaucoup de plaisir, et les gens sont généreux de me considérer comme un enfant prodige. C’est un beau compliment, mais en réalité, j’ai toujours été un passionné de la musique. 


À 18 ans, la musique a ouvert tes portes vers ton univers. 

Je quitte Montréal vers l’Espagne pour poursuivre mes études, car j’ai eu la chance d’approfondir mes connaissances en violon en suivant les cours de l’éminent violoniste et pédagogue Zakhar Bron à la Escuela Superior de Musica Reina Sofia à Madrid. 


C’était comme des compétitions olympiques ? 

Sans aucun doute, car nous étions huit élèves par classe qui provenaient de différents pays de partout à travers le monde. Nous étions au moins trois par chambre et on se retrouvait souvent près d’un bistro pour manger. Nous avons participé à des concerts entre autres en Allemagne, en Chine et en Grèce. 


Tu as appris l’espagnol en un mois.

Une amie m’a fait comprendre que le fait que je demeurais en Espagne, il était primordial que je parle la langue du pays. 


Le violon Stradivarius « Deveault », c’est ta coupe Stanley ?

C’est le président et chef de la direction de l’entreprise familiale Meubles Canadel, Guy Deveault, qui m’a prêté pour une décennie ce prestigieux violon, un Stradivarius 1701, dont la valeur est estimée à plusieurs millions de dollars.


C’est le violon que t’a choisi ? 

C’est comme la baguette de Harry Potter, ce n’est pas tout le monde qui pouvait s’en servir. C’est un privilège auquel peu d’artistes ont droit de jouer un Stradivarius. Je suis choyé que le violon m’ait choisi.  


Ton fils, ta conjointe et toi formez tout un trio.

Ma conjointe Martine et moi sommes fiers de notre fils Mattenzo, qui a 9 ans. Il est un talentueux pianiste qui donne des spectacles. Tandis que ma conjointe, qui aurait pu faire une carrière de violoniste, est une partenaire d’affaires incroyable, mais surtout une femme exceptionnelle que j’aime beaucoup.

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