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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Le viol comme arme de guerre

Des femmes ukrainiennes manifestent devant la Cathédrale Saint-Étienne de Vienne le 14 avril dernier contre les viols présumés commis par les soldats russes durant l’invasion.
Des femmes ukrainiennes manifestent devant la Cathédrale Saint-Étienne de Vienne le 14 avril dernier contre les viols présumés commis par les soldats russes durant l’invasion. Photo AFP
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2022-05-04T09:00:00Z
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Juste avant son invasion de l’Ukraine, Poutine a ainsi commenté le refus par Kyïv de l’accord de Minsk : « Que tu le veuilles ou non, ma beauté, tu dois l’endurer », une rime de la chanson répugnante d’un groupe de punk rock de l’ère soviétique sur le viol. C’était prémonitoire.

Les informations atroces qui nous parviennent des régions d’Ukraine d’où les forces russes ont été chassées révèlent que le viol y était répandu. Le président Zelensky parle de « centaines de viols, y compris sur des mineures et de tout petits enfants ».

À Bucha, une banlieue de la capitale Kyïv, quelque deux douzaines de femmes et de filles, âgées de 14 à 24 ans, ont été « systématiquement violées » par les forces russes, selon la responsable ukrainienne pour les droits de la personne, Lyudmyla Denisova. 

Elle ajoute : « Neuf d’entre elles sont enceintes. Des soldats russes leur ont dit qu’ils les violeraient au point qu’elles ne voudraient plus de contact sexuel avec un homme, pour les empêcher d’avoir des enfants ukrainiens ».

Depuis toujours, le viol est une arme de guerre utilisée pour humilier et terrifier les populations soumises, montrant l’irrespect absolu et le mépris hautain des conquérants. Et le viol dans les zones de guerre reste généralement impuni.

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Viols de masse impunis

En 1945, l’Allemagne a été le théâtre des plus grands viols de masse connus de l’histoire. Quelque deux millions d’Allemandes ont été violées par les soldats soviétiques et un nombre important d’entre elles ont subi de multiples viols.

  • Écoutez la chronique de Normand Lester au micro de Mario Dumont sur QUB Radio :

Pendant les mois d’avril et de mai, les estimations des victimes de viol dans les hôpitaux de Berlin allaient de 95 000 à 130 000. Quelque 10 000 d’entre elles en sont mortes, principalement par suicide.

Le taux de mortalité aurait été encore plus élevé parmi les 1,4 million de victimes de viol en Prusse orientale, en Poméranie et en Silésie. Des avortements étaient pratiqués quotidiennement dans tous les hôpitaux allemands, selon les archives médicales du pays.

Une « armée de violeurs »

Une proche du scientifique Andrei Sakharov, la correspondante de guerre Natalya Gesse, fut révulsée par les crimes sexuels commis par son armée. Qualifiant les soldats russes « d’armée de violeurs », elle affirme qu’« ils violaient toutes les femmes allemandes de huit à quatre-vingts ans ».

De jeunes femmes du personnel médical de l’Armée rouge ne semblaient pas s’en offusquer. Des Allemandes ont rapporté comment ces femmes regardaient et riaient lorsqu’elles étaient violées.

Des témoins oculaires ont raconté que des victimes avaient été violées jusqu’à 70 fois. Cela aurait aussi causé le décès à long terme de pas moins de 200 000 Allemandes en raison de la propagation de maladies vénériennes.

Les viols de masse et les autres atrocités sexuelles des troupes de Staline en Allemagne en 1945 ont été peu évoqués dans les médias occidentaux dans l’immédiat après-guerre : Staline était notre allié.

Les médias russes les ont toujours rejetés comme un mythe occidental. C’est, encore aujourd’hui, un sujet tabou en Russie.

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