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L'article provient de TVA Nouvelles
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Le Venezuela dénonce des «tortures» dans une prison de haute sécurité du Salvador

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AFP

2025-07-21T18:49:49Z
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Violences sexuelles, passages à tabac, nourriture avariée: le Venezuela a dénoncé lundi les «tortures» infligées à ses ressortissants expulsés par les États-Unis vers une prison pour membres de gang au Salvador.

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Après quatre mois d’incarcération au Centre de confinement du terrorisme (CECOT), prison de haute sécurité du Salvador, ces 252 Vénézuéliens ont été rapatriés vendredi dans le cadre d’un accord entre Washington et Caracas, qui en échange a libéré 10 citoyens et résidents américains détenus au Venezuela.

«Nous avons décidé d’ouvrir une enquête officielle», a déclaré le procureur général vénézuélien Tarek William Saab lors d’une conférence de presse donnée à Caracas lundi.

L’enquête vise le président salvadorien, Nayib Bukele, et d’autres membres de son gouvernement, accusés par le Venezuela de crimes contre l’humanité.

«J’appelle la Cour pénale internationale, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, les organismes correspondants tant en Amérique qu’à travers le monde, à faire de même, à faire leur part», a ajouté le procureur.

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Selon M. Saab, 80 fonctionnaires du ministère public ont interrogé les migrants à leur retour au pays.

«Sortis de l’enfer»

Andry Hernández Romero, un coiffeur et maquilleur de 32 ans qui s’est retrouvé au CECOT, déclare dans l’une de ces vidéos avoir subi des violences sexuelles.

«Nous avons subi des tortures, des agressions physiques et psychologiques, affirme-t-il. J’ai été abusé sexuellement par les autorités salvadoriennes elles-mêmes. Nous pensions que nous ne reverrions jamais nos proches.»

Sa mère, Erika Palencia, avait déclaré un peu plus tôt à l’AFP que son fils lui avait raconté les agressions subies par ses compatriotes et lui.

«Ils sont sortis de cet enfer», a-t-elle lâché, soulagée.

Le procureur vénézuélien a également évoqué «l’isolement dans des cellules inhumaines [...] sans contact avec la lumière du soleil, sans ventilation» et «les attaques systématiques» avec des balles en caoutchouc.

De la nourriture avariée et de l’eau non potable étaient servies aux détenus, qui n’ont à aucun moment pu parler à un avocat ou à un membre de leur famille.

Le Venezuela fait lui-même l’objet d’une enquête pour crimes contre l’humanité menée par la Cour pénale internationale.

L’opposition au gouvernement Maduro dénonce régulièrement la torture perpétrée dans les prisons vénézuéliennes et l’interdiction pour les détenus de recourir à un avocat de leur choix.

Négociation

Les migrants rapatriés font l’objet d’examens médicaux et n’ont pas encore retrouvé leur famille.

Mercedes Yamarte a préparé une fête pour accueillir son fils Mervin dans le quartier de Los Pescadores, à Maracaibo.

Ballons, banderoles et nourriture sont prêts, mais elle ignore quand il arrivera.

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Mervin lui a téléphoné.

«Cela faisait quatre mois et sept jours que je n’avais pas entendu la voix de mon fils, l’entendre a été une joie que je ne peux pas décrire», a déclaré Mme Yamarte à l’AFP.

Invoquant une loi datant de 1798 sur les ennemis de l’étranger rarement utilisée, les États-Unis ont expulsé en mars, sans procès, ces 252 Vénézuéliens, accusés d’appartenir au Tren de Aragua, un gang criminel que Washington qualifie d’«organisation terroriste».

Leur libération du CECOT a été le résultat d’une négociation avec les États-Unis.

L’accord a été finalisé quelques heures à peine avant l’échange effectif vendredi, selon le gouvernement vénézuélien.

«Les négociations ont été uniquement avec les États-Unis, avec le gouvernement des États-Unis», a assuré dimanche le négociateur et président du Parlement vénézuélien, Jorge Rodriguez, à la chaîne officielle teleSUR.

«Il ne nous est jamais venu à l’esprit de parler au clown», a-t-il ajouté, faisant référence au président salvadorien, Nayib Bukele.

Ce dernier «était le messager de ceux qui avaient organisé la présence de Vénézuéliens dans ce camp de concentration».

L’échange a inclus la libération de 80 autres Vénézuéliens détenus au Venezuela, considérés comme «prisonniers politiques» par les opposants au gouvernement de Nicolas Maduro.

M. Rodriguez a toutefois assuré que cette mesure coïncidait avec un processus de négociation interne parallèle.

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