Le troisième lien, l’éléphant dans la pièce au Sommet Québec Capitale Climat


Karine Gagnon
Le troisième lien s’est invité comme l’éléphant dans la pièce, lundi, lors du premier Sommet Québec Capitale Climat, qui réunissait des leaders de Québec engagés dans la lutte contre les changements climatiques.
Il y a urgence d’agir pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES), et il faut accélérer. Il faut soutenir les entreprises et les organismes dans la région. Tous doivent apporter leur contribution.
C’est ce qu’ont clamé à l’unisson, lors de ce sommet, le maire de Québec, Bruno Marchand, et les coprésidents de Québec Capitale Climat, Sophie D’Amours, rectrice de l’Université Laval, et Jean-François Chalifoux, PDG de Beneva.
Divers engagements ont été annoncés. La Ville a notamment adopté un plan climat plus ambitieux et a annoncé l’octroi de subventions à des entreprises prêtes à s’engager.
Les discours sentis et les ambitions louables sont d’autant plus les bienvenus dans un contexte où l’action climatique rencontre de nombreux obstacles, dont un majeur nommé Trump.
Dans son allocution lors de l’événement, la ministre Geneviève Guilbault a rappelé l’importance que revêt, selon elle, le projet de troisième lien.
Ce mégaprojet est pourtant nettement incompatible avec les objectifs de réduction des GES.
Défi pour la ministre
Près de 150 millions de dollars ont été dépensés jusqu’à présent dans un lien interrives très mal ficelé.
Le besoin et l’impact sur la congestion sur la rive nord restent à être démontrés.
Les transports constituent une source majeure d’émissions de GES. Au Québec, ils étaient responsables, en 2021, de 43% de ces émissions, le transport routier constituant le principal émetteur.
À Québec, c’est encore plus important, soit près des deux tiers, a rappelé M. Marchand.
L’ajout d’un pont routier entre les deux rives, dont on connaîtra bientôt le corridor, risquerait donc fort de réduire à néant les nombreux efforts mis de l’avant à l’occasion de ce sommet.
Pour convaincre que son troisième lien est compatible avec l’environnement, la ministre fait face à un défi, a d’ailleurs commenté le maire de Québec.
M. Marchand s’attend à ce que le gouvernement, qui s’est montré très pointilleux dans le cas du tramway, démontre la valeur environnementale du projet.
Rôle prépondérant
Les gouvernements, qui jouent un rôle prépondérant en matière de transition écologique, ont en effet la responsabilité de choisir les options de transport les plus durables, abordables, logiques, accessibles et efficaces, comme l’évoquait un rapport sur le troisième lien produit par Équiterre et l’Université de Sherbrooke, en 2022.
Il aurait été intéressant de poser des questions à Geneviève Guilbault en marge de son allocution.
Mais, oh! surprise, les médias avaient été avisés qu’elle ne répondrait pas aux questions des journalistes.
Parmi tous les projets à venir dans la région, le tramway s’avère le plus porteur – et de loin – dans la lutte contre les changements climatiques dans la région.
Il permettra d’éviter l’émission de près de 90 000 tonnes de CO2 (principal GES) sur 15 ans.
Mme Guilbault a parlé durant 15 minutes sans trop rien dire. Elle n’a prononcé le mot tramway qu’une seule fois, à la toute fin et du bout des lèvres. En matière de convictions, on a vu mieux.