Le transport scolaire à la croisée des chemins
Catherine Boucher | TVA Nouvelles
Des transporteurs scolaires refusaient de renouveler leurs contrats avec les Centres de Services Scolaires, jeudi, réclamant que le gouvernement québécois rehausse l'enveloppe budgétaire pour pallier l'augmentation des coûts des pièces.
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Depuis déjà plusieurs mois, plus de 80% des transporteurs québécois tentent de négocier leurs contrats avec les Centres de services scolaires. Or, le mois de juin s'est présenté sans qu'aucun contrat ait été signé. C'est une première pour Stéphane Lefebvre, qui opère sa flotte de véhicules depuis près de 20 ans.
«On parle [de plus] de 600 entreprises et [d'environ] 10 000 autobus scolaires qui ne sont attachés à aucun contrat actuellement. On est à minuit moins une», a constaté M. Lefebvre, président pour le Groupe Autocar Jeannois.
Même si les discussions vont bon train avec les Centres de Services scolaires, c’est au gouvernement que ça bloque. Des discussions ont lieu depuis plusieurs semaines entre les transporteurs, le ministère de l’Éducation et le ministère du Transport.
«Il y a eu des propositions qui ont été faites au cours des dernières semaines, mais ça ne répond pas à l'ensemble des besoins. Ça ne répond pas à la particularité de ce qui se passe actuellement dans le transport», a poursuivi M. Lefebvre.
Le problème, c'est que les coûts ont augmenté, et ce, à tous les niveaux.
«On a eu une indexation dans la dernière année de 0,72%, alors que nos prix de pièce ont augmenté au-delà de 50%. Le prix du carburant a augmenté au-delà de 100% dans la dernière année. Le carburant pour une entreprise de transport scolaire représente au-delà de 17 à 18% de ses coûts d'opération», a-t-il énuméré.
En date du 2 juin 2022, un réservoir de 370 litres coûtait environ 800$ de diesel alors qu'il n'y avait pas si longtemps, il en coûtait plutôt 300. C'est plus que le double en à peine un an.
À l'époque, une mesure était en place pour protéger les transporteurs de la hausse du prix du carburant. Celle-ci a toutefois été retirée il y a un an en raison de l’électrification obligatoire des véhicules, une mesure qui a été mise en place par le gouvernement en octobre dernier. Les transporteurs devront donc faire l’acquisition d’une nouvelle flotte électrique au fil des ans. Toutefois, ce type de véhicule coûte le triple d'un autobus régulier, et ça continue d'augmenter. Ajoutez à cela le coût d’entretien, des assurances et de la main-d’œuvre.
« Chaque matin, c'est un combat. Des gens de l'administration vont se trouver sur les circuits scolaires. On va prendre des mécaniciens qui vont aller faire des circuits. On a ça à cœur, on veut offrir le circuit, mais ça nous prend des ressources. Présentement, en tant qu'entrepreneur, ce serait irresponsable de signer avec les conditions qui nous sont proposées. D'ici un an ou deux, on ne sera plus capable de payer nos chauffeurs. On s'en va dans un mur! », a quant à lui protester Michel Tremblay, président d’Interbus Saguenay.
Le service de transport pour la rentrée scolaire n'était pas encore à risque jeudi. Les transporteurs ont à cœur d’emmener les élèves à bon port en toute sécurité.
«On va pouvoir continuer à faire ce qu'on fait là, mais pour combien de temps? On est dans un sprint actuellement, c'est important », a constaté M. Lefebvre.
« On attend des nouvelles du ministère. On a fait plusieurs demandes. C'est sur la glace présentement, mais on est confiant d'arriver à une entente », a ajouté M. Tremblay.
Reste que tout dépendra de l'enveloppe budgétaire qui sera accordée par le gouvernement du Québec. La prochaine semaine sera donc décisive pour la suite des choses.