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L'article provient de Le Journal de Montréal
Environnement

Le Témiscamingue divisé par le projet de deux centrales

Une partie de la population ne veut pas de ces bâtiments sur la rivière Kipawa

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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2022-07-03T04:00:00Z
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Le projet de construction de deux minicentrales hydroélectriques sur la rivière Kipawa divise la population de l’Abitibi-Témiscamingue. 

Le 21 juillet prochain, la MRC de Témiscamingue et trois communautés autochtones déposeront à Hydro-Québec une proposition visant à construire deux minicentrales hydroélectriques sur la Kipawa. C’est cette rivière sauvage qui figure sur les billets de 10 $ pour illustrer un site naturel du Bouclier canadien. 

Au total, ce sont 42 mégawatts (MW) capables d’alimenter 15 000 maisons qui seront produits grâce à des investissements de 200 M$. Mais le projet, baptisé Onimiki (tonnerre), divise la population.

Il y a ceux en faveur : « C’est un bon projet qui nous permettra d’assurer une autonomie énergétique tout en apportant d’importantes retombées économiques dans la région », affirme la préfète de la MRC, Claire Bolduc, qui souligne le partenariat avec les communautés anishinabeg de Wolf Lake et de Kebaowek. La communauté innue du Lac-Saint-Jean est également un partenaire commercial.  

Puis, il y a les détracteurs : « Les citoyens n’ont pas été consultés malgré les promesses répétées des promoteurs », lance Louis Riopel, enseignant de français au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et porte-parole du Festival de la rivière Kipawa qui a réuni une centaine d’amateurs d’eau vive le week-end dernier.  

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Répercussions « irréversibles »

Le projet comprend la dérivation d’une partie des eaux dans la source de la rivière. 

M. Riopel craint donc que cette intervention modifie l’écosystème de façon permanente et irréversible à un endroit où on vient de créer le parc national Opemican. 

Des études démontrent que la fraie du touladi, par exemple, pourrait être affectée par les variations de niveau. Des enjeux de villégiature sont aussi soulevés : la baisse des eaux affectera sans aucun doute les amateurs d’activités nautiques. 

Le Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue, l’Organisme de bassin versant du Témiscamingue et l’Association des riverains du lac Tee de Du Moulin ont fait connaître leurs inquiétudes dans une lettre adressée à la MRC le 14 décembre dernier. 

Sans être formellement opposés à Ominiki, ces organismes affirment que plusieurs questions sont restées sans réponses malgré des demandes répétées.

La faute de la pandémie

Mme Bolduc affirme que le temps a manqué pour la consultation à cause de la pandémie, notamment. Des audiences auront lieu après le dépôt du projet de façon à respecter la date butoir. Et les études se feront également en conformité avec les normes environnementales en vigueur.

Alain Saladzius, président de la Fondation Rivières, déplore qu’on ne connaisse pas les impacts qu’aurait ce projet sur l’écosystème, car les enjeux de débit n’ont pas été présentés. Son organisme « appuie les groupes qui demandent d’être informés ».

Quatre minicentrales à venir  

Après avoir renoncé aux projets hydroélectriques de moins de 50 MW sous Pauline Marois, Hydro-Québec a redémarré le programme des minicentrales de promoteurs privés. La société d’État s’engage à acheter l’électricité produite. Voici les quatre projets qui seront construits au cours des prochaines années.


CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE DE LA CHUTE DU QUATRE MILLES

  • Puissance : 5,5 MW
  • Région : Côte-Nord

CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE DES CHUTES DU SIX MILLES

  • Puissance : 13,2 MW
  • Région : Côte-Nord

CENTRALE INNAVIK

  • Puissance : 7,25 MW
  • Région : Nord-du-Québec

CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE MANOUANE SIPI

  • Puissance : 22 MW
  • Région : Mauricie
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