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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Le tango Habs go

Capture d'écran Facebook - STM Mouvement Collectif
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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2025-04-27T19:30:00Z
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Avez-vous suivi le tango du go?

Un pas en avant, un pas en arrière.

D’abord, on dit go au lieu d’allez. Puis on se fait dire de dire allez au lieu de go. Et puis, à go, on se fait dire qu’on peut dire go, alors go, laissons tomber le allez.

Vendredi, j’ai bien rigolé quand j’ai lu dans mon journal préféré que «Les expressions “Go Habs Go” et “Go Canadiens Go” seront finalement autorisées au Québec même si elles comportent un anglicisme».

À go, on rit!

Une tempête dans un verre go

Il n’y a qu’au Québec qu’on peut vivre un tel psychodrame autour d’un mot. Un mot de deux lettres, en plus!

D’ailleurs notre saltimbanque francophile préféré, notre boute-en-train sympathique Sugar Sammy n’a pas manqué une occasion d’embarquer sur la glace: «Go Sammy Go» a-t-il affiché sur une photo d’un autobus. Ah, ce sacré Sucré!

Toujours prêt à ridiculiser les velléités québécoises de faire régner le français dans la seule province francophone au pays.

Ce qui me dérange, ce n’est pas que l’affaire ait fait débat mais c’est la pauvreté des arguments!

Ne venez pas me dire que ça fait plus viril ou plus vrai de dire go que de dire allez! Dans leur chanson Le but, les Loco Locass scandent: «Allez, allez, allez, allez Montréal» et personne ne s’étouffe.

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Les Français, qui sont tellement friands d’expressions anglaises (un petit footing, aller au pressing, faire son shopping) vont crier «Allez les bleus!» pour encourager leur équipe sportive nationale.

Le 19 février 2013, c’est moi qui sortais, dans Le Journal de Montréal, le scoop du #pastagate: «L’Office québécois de la langue française reproche au restaurant italien Buonanotte d’avoir un menu contenant trop de mots... italiens».

Je suis parfaitement capable de dénoncer l’OQLF quand l’OQLF va trop loin. Qu’il dérape. Qu’il divague.

Mais en préférant «allez» à «go», l’OQLF n’a pas dérapé, n’a pas divagué. On a bien remplacé le mot «stop» par «arrêt» sur nos pancartes routières.

On peut rire tant qu’on veut de l’obsession fébrile de l’OQLF, mais on est obligé de reconnaître que les anglicismes sont rendus partout, tellement intégrés dans notre vocabulaire de tous les jours qu’on ne les voit plus.

Je vous donne un exemple...

Pierre-Yves McSween va avoir une nouvelle émission les samedis à la radio de Radio-Canada. On a appris que ça allait s’appeler «Sauve qui peut» ou plutôt «$auve qui peut» (le s en signe de dollar).

Il y a seulement un problème. «Sauver» de l’argent, c’est un énorme anglicisme. Une simple recherche de trois secondes sur la banque de dépannage linguistique de l’OQLF nous donne le résultat suivant: «En français, le verbe sauver signifie entre autres “faire échapper à un danger”, “préserver de la destruction” et “pallier les défauts”. Il est cependant déconseillé lorsqu’il est employé sous l’influence de l’anglais, notamment au sens d’“épargner”».

Ça clique

Dans le même ordre d’idées, quelqu’un peut m’expliquer pourquoi dans ses publicités radio pour la sécurité routière, Katerine Levac nous dit au sujet des trottinettes: «Il faut leur faire attention»?

Ça me fait grincer des dents à chaque fois. Il n’y a pas de conseillers linguistiques qui révisent les textes au gouvernement?

Le français? Il faut le sauver! Dans le vrai sens du terme.

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