Le talent de Demidov mérite mieux que la série B

Jean-Charles Lajoie
Après la pluie de trophées remis en octobre aux joueurs et au coach du Canadien hier, poursuivons une lancée positive avec un arrêt sur image d’Ivan Demidov...
Le sobriquet de Demi-God va à ravir à ce rocket russe des temps nouveaux. Nommez-moi un autre kid de 19 ans qui a endossé cinq produits commerciaux différents avant même d’avoir porté le chandail du Canadien pour 15 matchs ?
On s’arrache Demidov, et partout où il apparaît, les gens font la file pour un autographe, un selfie ou un bout de son « hoodie »...
Récemment, dans un événement de cartes de hockey à Laval, s’il avait pris le temps de rencontrer tous les partisans présents, il serait arrivé en retard à la pratique du lendemain. Et j’exagère à peine...
C’est ce que fait dans le cœur du partisan du Canadien un talent naturel du niveau de Demidov.
Les plus jeunes n’ont pas à remonter très loin pour trouver des comparables dans le Bleu-Blanc-Rouge. Alex Kovalev revient souvent quand on cherche le dernier gars qui nous a fait autant bondir de notre siège à Montréal...
Probablement l’effet russe pour russe. Mais sauf tout mon respect, Kovalev fut le Jésus pôvre de Montréal. Sur papier, il n’a amassé un point par match en moyenne qu’à quatre reprises en 20 saisons dans le gros show, et une seule fois avec le Canadien, en 2007-2008...
À l’œil, je dirais que Demidov a d’excellentes chances d’enfiler les saisons d’au moins un point par match.
Son arrivée sur la première vague d’avantage numérique permet même de croire qu’il pourrait établir le standard dès cette saison...
Martin St-Louis a substitué Demidov à Zachary Bolduc un mois plus tôt qu’il ne l’avait fait l’an dernier pour Lane Hutson avec Mike Matheson.
Deux façons de voir la chose: soit la pression de bien faire et de gagner est supérieure à il y a un an, soit le respect porté par le coach au vétéran Matheson est de loin supérieur à celui qu’il porte au jeune Bolduc.
Je me demande encore ce que Martin reproche à Zachary, mais c’est une autre histoire...
Demeurons positif, restons sur Demidov. Je ne vais pas me lancer à corps éperdu dans une litanie statistique. En restant sur l’instinct et en respect de ce que je constate en regardant les matchs, il n’y a aucun doute à mon esprit qu’Ivan fera mieux lorsqu’il sera mieux compris et supporté à forces égales...
Il y a des gars qui ne peuvent se faire justice adéquatement que lorsqu’ils évoluent avec des joueurs qui leur sont semblables en talent et en compréhension de la « game ».
Demidov récolte la vaste majorité de l’attention de l’adversaire lorsqu’il est sur la glace. L’exemple parfait : la séquence en prolongation à Calgary où il attire les trois joueurs des Flames, libérant une abondante poche d’air pour Matheson qui n’a eu qu’à compléter...
Idem pour la feinte de tir suivie de la sauce vers Suzuki avec un homme en plus à Vancouver.
Demidov est un metteur en scène exceptionnel à qui Martin Saint-Louis offre actuellement deux acteurs de série B sur son trio...
En attendant un vétéran centre qui viendra étirer sa carrière aux côtés du Robert Lepage du Canadien, le coach peut-il déjà mieux le servir en lui offrant de faire la paire avec Patrice Robitaille... ou si vous préférez, Zachary Bolduc ?