Le suivi médical des femmes enceintes migrantes devrait être gratuit, selon un rapport

Agence QMI
Les femmes enceintes migrantes devraient avoir accès gratuitement aux services médicaux et aux médicaments requis pour la grossesse, l’accouchement et les soins post-partum, conclut un comité interministériel dans un rapport déposé jeudi.
À l’heure actuelle, plusieurs femmes migrantes enceintes ne sont couvertes par aucun régime d’assurance maladie. Elles doivent donc débourser, même pour accoucher dans un hôpital du réseau public.
Outre la gratuité des services médicaux requis par la grossesse, le rapport «Portrait des femmes enceintes sans couverture santé au Québec» propose plusieurs solutions pour mieux prendre en charge les femmes qui sont dans cette situation.
Ainsi, le groupe de travail interministériel suggère de permettre aux femmes non couvertes par l’assurance-maladie (RAMQ), et qui ont l’intention de demeurer au Québec pendant plus de six mois, de bénéficier des services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance et du suivi OLO offert aux femmes en situation de faible revenu.
Le rapport propose également d’éliminer la surcharge de 200 % pour les services entourant le suivi de grossesse et les soins pendant et après l’accouchement.
Rappelons que le comité interministériel avait été chargé par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, de brosser un portrait global de la situation des femmes enceintes sans assurance maladie au Québec. Il devait rédiger un rapport présentant des solutions prenant en compte les manières possibles d’améliorer l’accès à des soins de santé pour ces femmes, à la fin de l’année 2021.
Le ministre Dubé a pris acte des solutions proposées dans ce rapport et a fait savoir dans un communiqué de presse qu’il entend les «analyser minutieusement» afin d’adopter «la meilleure approche possible».
Au-delà de la grossesse
Médecins du Monde, qui a déposé un mémoire à l’intention du comité de travail en mars dernier, s’est dit «préoccupé par certaines recommandations du rapport», dans un communiqué de presse. L’organisme espère que le ministre de la Santé retiendra au moins la solution d’offrir l’accès gratuit aux services médicaux et aux médicaments requis pour la grossesse, l’accouchement et les soins post-partum.
«Les études démontrent que l’absence de couverture de santé a un impact démesuré sur les femmes à statut migratoire précaire et leurs enfants, leur imposant un fardeau économique qui les met en situation de précarité financière», peut-on lire dans le communiqué.
Cette précarité financière entrainerait quant à elle d’autres problèmes en ce qui concerne le logement, l’insécurité alimentaire ou l’exclusion sociale, a fait valoir Médecins du monde.
Par ailleurs, le droit à la santé des femmes ne devrait pas se borner aux périodes pendant lesquelles elles sont enceintes, a estimé l’organisme.
«Il faut s’occuper de la santé globale d’une femme, qu’elle porte un bébé ou non, qu’elle décide de le garder ou non», a souligné le Dr Michel Welt, obstétricien-gynécologue et bénévole à la clinique de Médecins du Monde, qui considère que la contraception et l’avortement devraient figurer parmi les services offerts aux femmes qui ne sont pas couvertes par l’assurance-maladie.
«Les difficultés d’accès à l’avortement et à la contraception augmentent le nombre de grossesses non désirées. Une femme, c’est beaucoup plus qu’un utérus et si l’avortement est un choix, c’est aussi un service essentiel», a-t-il déclaré.