Le SPVM ferme discrètement une escouade sur la violence armée chez les jeunes

En pleine crise des armes à feu, la police de Montréal a discrètement fermé son escouade chargée de lutter contre ce fléau dans les écoles après le départ des employés, qui s’inquiétaient du manque de financement.

La fermeture de l’escouade EMIE a eu lieu en septembre dernier, au moment où les hauts dirigeants du SPVM lançaient un cri d’alarme aux parents d’enfants mineurs impliqués dans plusieurs incidents violents.

«Je vous implore, si on vous approche concernant votre jeune, répondez au téléphone», réclamait notamment M. Dagher face au peu de collaboration de plusieurs cellules familiales.

Mais ce qu’il n’a cependant pas dit au cours de cette conférence de presse est que le SPVM avait fermé son escouade spécialisée quelques jours après qu’un jeune montréalais de 14 ans eut perdu la vie lors de son attaque sur le repaire des Hells Angels de Frampton avec une mitraillette. Cette dernière avait été retrouvée dans un véhicule incendié à quelques kilomètres du repaire.

L’escouade avait été créée en 2022 à la suite d’une série d’incidents impliquant des armes à feu, notamment après que les arrondissements de Rivière-des-Prairies et de Montréal-Nord furent le théâtre de 80 coups de feu en seulement 24 heures.

En réaction aux divers incidents et à la suite des grandes orientations établies lors du Forum montréalais sur la lutte contre la violence armée, le ministère de la Sécurité publique (MSP) avait octroyé un budget de 4 millions $ pour la mise en place de l’équipe spécialisée.

Moins d’argent pour les jeunes

Un total de 11 personnes y avaient été affectées à temps plein, dont quatre policiers.

Or, à l’hiver 2024, les membres de l’escouade se sont mis à douter de l’intention du gouvernement provincial de renouveler le financement de l’EMIE, car Québec se préparait à couper le robinet dans une autre escouade qu’il avait aussi financée.

«C’est la énième fois qu’une escouade disparaît en raison d’un manque de financement alors qu’elles répondent à des besoins réels sur le terrain», condamne Abdelhaq Sari, de l’opposition officielle.

Face au climat d’incertitude, les membres de l’EMIE ont graduellement quitté le navire.

«N’ayant plus aucun employé à l’intérieur de l’équipe, nous avons dû annoncer au MSP la fin des activités de l’EMIE au 30 septembre 2024», peut-on lire dans le bilan final que le service de police a communiqué au ministère de la Sécurité publique (MSP).

Aucune demande de renouvellement

Pendant ce temps, des adolescents sous le contrôle de gangs de rue extorquaient de l’argent à des restaurants-bars de la métropole à coup de cocktails Molotov et de coups de feu dans les vitrines.

Au MSP, on prétend qu’aucune décision n’avait été prise sur la poursuite ou non du financement, car le SPVM n’a présenté aucune demande pour poursuivre les activités de l’escouade spécialisée.

«Les agents sociocommunautaires des postes de quartier et les agents de concertation [...] poursuivent les initiatives que l’EMIE a entreprises», rassure le SPVM, malgré le fait que leurs responsabilités ne se limitent pas qu’à la seule prévention de la violence armée chez les jeunes.

QUELQUES FUSILLADES À MONTRÉAL

Février 2021 à février 2022: cinq jeunes de 15 et 16 ans sont tués par balle.

Juillet 2022: un jeune de 17 ans perd la vie dans Montréal-Ouest à la suite d’une fusillade.

Août 2022: 80 coups de feu sont tirés à Rivière-des-Prairies et à Montréal-Nord en 24 heures.

Décembre 2023: deux jeunes de 18 ans sont blessés par balle à la suite d’une fusillade à Montréal-Nord.

Août 2024: un père et son fils de 18 ans sont gravement blessés par balles à Dollard-des-Ormeaux.

Août 2024: un adolescent de 16 ans est blessé par balles à Montréal-Nord.

Été et automne 2024: des adolescents participent à des attaques armées contre des restaurateurs du centre-ville.

Septembre 2024: un Montréalais de 14 ans perd la vie en attaquant le repère du club-école des Hells Angels à Frampton.

RÔLE DE L’EMIE (Équipe multidisciplinaire d’intervention dans les écoles)

Contrer la banalisation des armes et de la violence qui sévit à Montréal.

Faire le lien entre les écoles, les postes de quartier et les intervenants communautaires.

Établir des stratégies policières pour prévenir la violence armée.

Informer sur les nouvelles tendances reliées à la violence chez les jeunes.