Le sport féminin, c’est maintenant. Mais pas partout

Collectif de signataires
25 joueuses actuelles et passées de l’équipe semi-professionnelle de Ligue 1 Québec de l’Association de Soccer Pierrefonds unissent leurs voix pour dénoncer l’abolition du programme par le directeur exécutif du club.
Le sport féminin a fait d’énormes enjambées au cours des 12 derniers mois. Au Canada, la Ligne professionnelle de hockey féminin (LPHF) a connu une saison inaugurale couronnée de succès. Au soccer, la Super Ligue du Nord (SLN) s’apprête à lancer ses activités en 2025. En 2026, la WNBA (Women's National Basketball Association) fera son entrée au Canada. La raison pour la création de ces ligues : le discours a changé. Autrefois considéré comme un sous-produit du sport masculin, le sport féminin n’est maintenant plus regardé de haut. Sauf que...
Sauf que le directeur exécutif de l’Association de Soccer Pierrefonds a mis la hache dans notre programme semi-professionnel féminin de Ligue 1 Québec. Sans crier gare, sans y consentir les efforts nécessaires pour le garder en vie et surtout, sans égard pour nous, les joueuses, et notre personnel entraîneur. L’alignement complet de l’équipe s’est retrouvé du jour au lendemain sans équipe pour la saison 2025.
La représentation est importante
Lorsqu’on parle des modèles de rôles dans le sport, on pense aux célébrités. Or, ce sont les personnes que l’on voit tous les jours qui ont le plus d’influence sur nous. Comme le cite le Centre de documentation pour le sport (SIRC), « L’exposition des filles à des athlètes féminines victorieuses, confiantes, fortes et en santé qui leur servent de modèle de rôle contribue à l’établissement d’une image positive et inspirante pour les jeunes filles, en plus de les inciter à participer à des sports. »
Nous avions endossé ce rôle auprès des jeunes joueuses du club de Pierrefonds. Cela se reflétait dans notre manière de parler aux joueuses, dans notre accessibilité, dans notre comportement et par le partage de notre passion. On croisait des équipes féminines qui terminaient l’entraînement et nous pouvions voir l’admiration dans leurs regards. Les fillettes foulaient le gazon en nous tenant la main lors de nos matchs à domicile et nous remettaient en mains propres les ballons égarés. Par notre jeu et notre passion pour le soccer, nous leur donnions une raison concrète de poursuivre dans leur sport. En abolissant un programme, ce ne sont pas seulement 20 joueuses qui ont été touchées, ce sont des centaines de joueuses qui n’ont plus accès à leurs modèles de rôles.
Pour que le soccer féminin continue d’évoluer d’une manière durable, il faut qu’il y ait des milieux semi-professionnels et professionnels où les joueuses peuvent s’entraîner tous les jours, et que les filles et les partisans puissent les voir évoluer toutes les semaines. C’est en développant le soccer féminin local qu’on pourra alimenter en talents d’ici une équipe de soccer professionnelle comme celle de Les Roses de Montréal.
« Le talent québécois au soccer, on le sait, est riche. Chez les hommes comme chez les femmes. En accueillant ces joueuses locales à haut potentiel dans notre ligue professionnelle, nous prenons position pour que les talents d’ici puissent s’épanouir au plus haut niveau », a indiqué Marinette Pichon, directrice sportive des Roses – extrait tiré de La Presse, 9 janvier 2025
L’équipe semi-professionnelle féminine de Pierrefonds a été une pépinière de joueuses talentueuses qui se sont retrouvées à la fois en Europe, en Amérique du Sud, aux États-Unis et dans la Super Ligue du Nord. En hachant dans ce programme, c’est l’herbe sous le pied du soccer féminin que le directeur exécutif a coupé.
Les femmes en tête
Ce que la SLN, la LPHF et le Toronto Tempo ont en commun, ce sont les femmes occupant des postes décisionnels. On pense à Diana Matheson, ancienne joueuse de l’équipe canadienne qui a travaillé sans relâche pour mettre sur pieds la Super Ligue du Nord. Christina Litz est la présidente de la SLN. Le parallèle? C’est aussi une femme qui a mené d’une main de maître la direction technique de l’Association de Soccer Pierrefonds et qui a contribué à la naissance de l’équipe semi-professionnelle. On parlait de l’importance de modèles de rôles pour les jeunes filles; elle en était une pour nous et pour des centaines de jeunes joueuses de soccer de tous les niveaux. En donnant un coup de balai au soccer féminin, le directeur exécutif a aussi choisi de jeter aux rebuts sa directrice technique. Comment dit-on déjà... Il n’y a pas de hasard, juste des rendez-vous.
Nous nous devons d’exprimer notre totale incompréhension face aux agissements du directeur exécutif de l’Association de Soccer Pierrefonds. Anéantir une équipe semi-professionnelle féminine envoie un message clair et sans équivoque que l’avancement du sport féminin n’est pas assez important. Il est grand temps que le sport commence à faire preuve d’une plus grande équité, que les gens reconnaissent les filles comme des sportives avec le respect et la reconnaissance qu’elles méritent.
Fatou Ndiaye
Sara Carrière
Stephanie Hill (joueuse professionnelle)
Bryanna Campbell
Elisabeth Pronovost
Carmen Maria Marin (joueuse professionnelle)
Daiana Gomez
Kayla Kyle (joueuse professionnelle)
Katelyn Arkorful-Romano
Amy Ann Ndiaye
Chelsea Ridgway
Maryse Vienneau
Karine Vilain (joueuse professionnelle)
Fana Ndiaye
Madi Sainis
Dayne Lebans
Ishy Preet
Clara Trudel-Tellier
Jeanne Trudel-Tellier
Kiana Dufour
Ariane Loisel
Helena Iranpur
Audrey-Anne Beaudry
Anastasia Fox
Alycia Morin (joueuse professionnelle)