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L'article provient de TVA Sports
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Le spectacle Ohtani: une rencontre avec le mutant du sport moderne

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Photo portrait de Jean-Nicolas Blanchet

Jean-Nicolas Blanchet

2025-09-23T12:57:34Z
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LOS ANGELES | Pour une des premières fois de ma vie, j’ai rencontré une véritable légende vivante.

Car pensez-y. Il y a beaucoup plus de gens qu’on qualifie de légendes vivantes que ceux qui en sont vraiment. C’est galvaudé. Mais celle que je suis allé voir, je vous le garantis, dans 100 ans, on en parlera encore comme une légende.

C’est Shohei Ohtani. Le lanceur et frappeur des Dodgers de Los Angeles.

C’est un des sportifs les mieux payés au monde. Il touche environ 100 M$ en incluant les commandites.

Il fait partie des mutants du sport moderne. Comme si son génome s’était modifié pour lui donner des pouvoirs incroyables. Lui, il est capable d’être le meilleur frappeur au monde. Mais aussi le meilleur lanceur au monde. Comme l’autre légende, Babe Ruth, il y a 100 ans.

Comme d’autres mutants, du genre, Bo Jackson et Deion Sanders, qui jouaient dans la NFL et dans la MLB. Ou Jim Thorpe, qui a tout fait.

Le pèlerinage d'abord

Tant qu’à être à Los Angeles, je tenais à faire un détour pour aller voir ce phénomène japonais.

Je suis donc parti de mon hôtel très longtemps à l’avance. Parce que le Dodger Stadium est un des stades les plus mal placés dans une des villes les plus achalandées en Amérique du Nord.

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D’ailleurs, il ne faut pas être anxieux pour rouler sur les autoroutes à LA. C’est six voies de large et tout le monde roule à 100 km/h à 10 pieds l’un de l’autre. Et chaque trois minutes, ça freine pour se ramasser à 20 km/h. Je n’ai même pas regardé les panneaux de publicité tellement que j’avais la chienne de rater le freinage de la voiture en avant. Tu te sens comme emboîté dans un stationnement qui va vraiment vite.

Le stade des films

Bref, je me ramasse à l’iconique et majestueux stade. Vous l’avez vu dans l’Agent fait la farce, le petit champ, Rocketman, Rapide et dangereux, les Transformers, Superman.

Je vais manger un taco et je croise Dave Dombrowski, président des opérations baseball des Phillies. Ce gars-là était, à 31 ans, directeur général des Expos. Je lui ai jasé un peu et il m’a dit «merci beaucoup» de lui reparler de quelques souvenirs montréalais.

Le match commence, c’est Ohtani qui est au monticule. Dans les estrades, 75% des fans qui ont une chemise des Dodgers, c’est celle d’Ohtani. Un 15%, c’est Jackie Robinson.

Le Japon est partout

Première constatation, le stade est trilingue: anglais, espagnol et japonais.

Ensuite, je vois des publicités de produits que je ne connais pas: Tokyo Electron, Ana, Jinro soju, Oita Barley Shichu, Daiso, Yakuit. Ce sont des marques japonaises. Elles tapissent le Dodger Stadium.

Le tiers des journalistes autour de moi sont japonais.

Tout ça, c’est en raison de Shohei Ohtani. Son impact, je l’avais direct dans le front.

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Ce soir-là, il est lanceur partant et premier frappeur. C’est comme si vous aviez une Ferrari qui peut aussi être un jet privé.

Photo, Getty Images via AFP
Photo, Getty Images via AFP

Il a lancé cinq manches et n’a pas donné un coup sûr. C’est injuste pour l’adversaire, les Phillies, pourtant un des meilleurs clubs offensifs de la ligue. C’était comme un jeu vidéo au niveau «débutant» pour Shohei. Il lançait à 101 milles à l’heure. Et son entraîneur l’a retiré pour le ménager avant les séries en 6e manche.

Les Phillies étaient bien heureux de la décision et ont répondu avec 9 points contre les autres lanceurs. Ils ont battu les Dodgers. Ohtani a frappé la longue balle pour aider son équipe à revenir dans le match. Mais ce n’était pas suffisant.

Je n’étais sûrement pas le seul. Mais j’étais venu voir le spectacle Ohtani et pas du baseball. Car c’est rendu ça et ce le sera longtemps. Pourtant, le match regroupait une tonne de futurs membres du Temple de la renommée. Mais lui, c’est beaucoup plus que ça. En plus, ç'a tellement l'air facile. Il domine son sport avec élégance.

Sa chanson pour se présenter au bâton était Feeling good du Canadien Michael Bublé. Quand ça partait, plus personne ne bougeait.

Photo, Getty Images via AFP
Photo, Getty Images via AFP

La course pour Shohei

Après le match, fallait que j’assiste à ça, Shohei qui rencontre les médias. Mais c’est rare qu’il est rendu disponible. Mais là, il a frappé son 50e circuit, il n’aurait donc pas vraiment le choix. J’ai dû descendre avant la fin du match. «Sinon, aucune chance», me raconte une journaliste. Je l’accompagne. Tout le monde attend un signal que je ne vois pas et boum...

Les 50 journalistes partent à la course avec les caméras, les micros et les téléphones accrochés après des bâtons. Et ils vont se placer devant une petite toile. Ça se pousse. Ça crie. Ça s’envoie suer. Ça se calme. Ça s’excuse et voilà, on est 50 dans une zone où il y a de la place que pour huit personnes. Je me tiens un peu à l’écart pour laisser les caméramans faire leur travail.

Et Shohei arrive avec sa face de petit garçon, pas de barbe au menton. Il parle assez bien anglais, mais préfère en japonais avec son traducteur. Il parle très doucement. La grandeur de tout ça est fascinante.

Ensuite, les 50 journalistes sont entrés dans le vestiaire et sont allés bombarder de questions le releveur qui s’est effondré pour ainsi gâcher le beau travail d’Othani. C’était Justin Wrobleski. Les fans l’ont énormément hué et les médias ne l’ont pas ménagé. D’un côté, pauvre gars. Mais d’un autre, c’était parfait comme ça. Le gars s’est présenté devant les médias, la tête haute et a répondu à toutes les questions.

Quand on parle de pression médiatique intense à Montréal, je vois ça et je suis un peu dubitatif.

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