Le sort du promoteur immobilier de Joliette sera connu cinq ans après l’attaque contre un ex-avocat de Desjardins
Jean-François Malo aurait commandé une attaque contre l’avocat à deux hommes de main


Erika Aubin
Après moult requêtes, des tentatives pour échapper à la justice et un premier procès avorté en plein milieu, le sort d’un promoteur immobilier de Joliette est finalement entre les mains d’un juge, cinq ans après qu’un avocat a été atteint par balle à sa résidence de Mont-Saint-Hilaire.
On reproche à Jean-François Malo d’avoir envoyé deux hommes de main attaquer l’avocat Nicholas Daudelin à son domicile, en mars 2020. Il avait été atteint par un projectile à une jambe.

À l’époque, Me Daudelin représentait le Mouvement Desjardins dans des litiges civils de plusieurs millions de dollars contre Malo, un promoteur immobilier de Joliette.
Les procédures judiciaires qui traînent depuis des années ont connu rebondissement par-dessus rebondissement, mais le juge Denys Noël doit finalement rendre son verdict en mai. L’homme d’affaires a lancé plusieurs dizaines de requêtes pour éviter son procès.

Un premier procès avorté
Puis au beau milieu d’un premier procès à l’hiver 2024, le juge Christian Jarry s’est soudainement récusé en raison d’une apparence de partialité. Ni la Couronne ni la défense n'en connaissent les motifs, car la lettre d’explication du magistrat demeure sous scellés.
L’accusé de 46 ans a aussi essayé à deux reprises d’obtenir un arrêt des procédures pour délais déraisonnables, mais en vain.
Dans le cadre d’une énième requête, il a été acquitté cet automne de tentative de meurtre, mais il est toujours accusé de voies de fait graves contre Nicholas Daudelin, d’intimidation et d’entrave à la justice.
La victime, qui est depuis devenue juge, a dû témoigner à plusieurs reprises, notamment au procès de ses assaillants Cheikh Ahmed Tidiane Ndiaye et Daouda Dieng. Ils ont été condamnés à 9 et 10 ans de détention pour avoir déchargé une arme à feu en sa direction.

Une liste d’ennemis
Une liste de personnes que Malo considérerait comme ses ennemis et sur laquelle figurait le nom de Nicholas Daudelin a été retrouvée dans le cellulaire de Ndiaye après l’attaque.
Malo lui a transmis cette liste quelques jours après la publication d’un article du Journal, qui rapportait certaines allégations de Desjardins le concernant. Ce reportage l’a mis en colère, selon la Couronne. Il était convaincu que Me Daudelin était la source de la fuite, puisqu’il a déjà travaillé pour Radio-Canada.

Une demande pour obtenir l’adresse personnelle de Nicholas Daudelin a d’ailleurs été faite, au lendemain de l’article, à une agence d’investigation par l’avocat de Malo, Me Pascal Beaupré.
Prétendre que Ndiaye et Dieng aient agi seuls serait contraire au bon sens, estime la poursuite. Ils n’avaient aucun lien avec la victime.
«Ils n’ont donc aucune raison de prendre un véhicule en pleine fermeture totale en raison de la pandémie, et de faire le trajet [...] pour fusiller une personne qui est un pur inconnu pour eux», ont insisté Me Tian Meng et Me Marilyn L’Italien-Leblanc.
La défense estime plutôt que la preuve circonstancielle de la poursuite est insuffisante et ne permet pas de démontrer que Malo a commandité l’attaque.
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