Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Le soir le plus cher de Radio-Canada

Photo fournie par Radio-Canada
Partager
Photo portrait de Guy Fournier

Guy Fournier

2023-01-02T20:29:06Z
Partager

Le 31 décembre est le soir le plus cher de Radio-Canada, mais c’est aussi le plus payant.

• À lire aussi: Bye bye 2022: les sketchs et personnages les plus appréciés du public

• À lire aussi: Bye Bye 2022: une édition sympathique et bon enfant

C'est la soirée la plus payante sur le plan des cotes d’écoute, mais la comptabilité créatrice et insondable de Radio-Canada rend absolument impossible d’établir le coût véritable de ses quatre émissions phares de fin d’année: En direct du jour de l’An, À l’année prochaine, Infoman et le traditionnel Bye Bye.

Le diffuseur public réalise-t-il pour autant une bonne affaire? Oui, parce qu’elle lui permet de monopoliser l’écoute un soir par an. Et même deux! Le soir du jour de l’An, il arrive souvent que les reprises lui donnent encore l’hégémonie de l’écoute. Les annonceurs y trouvent-ils leur compte, surtout ceux qui se fendent en quatre pour concevoir des messages qui ne seront diffusés qu’au Bye Bye? Oui, parce qu’ils rejoignent d’un coup quatre à cinq millions de Québécois, presque toute la population francophone de 18 ans et plus. 

Même si c’est d’une éthique discutable, les messages publicitaires du Bye Bye se confondent avec le contenu de l’émission, ce qui est tabou le reste de l’année. Ne reculant devant rien pour hameçonner les commanditaires, Radio-Canada a même institué un concours qui permet de couronner le message publicitaire le plus populaire du Bye Bye. On fait tirer un prix parmi les téléspectateurs qui l’ont désigné correctement. Si vous voulez, on reparlera, un jour, de Tandem et de la confusion des genres!

Publicité

L’ÉMISSION LA PLUS COÛTEUSE

Sans connaître les véritables chiffres, c’est facile d’évaluer que le Bye Bye est la plus coûteuse des quatre émissions. Suivent En direct du jour de l’An, Infoman et À l’année prochaine, la pauvresse du quatuor. Même s’il s’agit d’une simple émission de radio captée au Théâtre Corona, À l’année prochaine, diffusée en sandwich entre deux émissions exceptionnelles, n’en réussit pas moins à rejoindre presque deux millions de téléspectateurs.

À partir du concept de ses émissions hebdomadaires, France Beaudoin et son équipe réussissent à fabriquer un authentique joyau. En direct du jour de l’An est une émission spéciale festive, rassembleuse et émouvante avec chaque année une ouverture irrésistible qui cloue le spectateur à son siège. Absolument rien à redire, si ce n’est que les vedettes «kidnapées» ont tendance à se faire de plus en plus cacophoniques d’une année à l’autre, oubliant les spectateurs qui n’arrivent pas à suivre leurs propos.

LA PALME À JEAN-RENÉ DUFORT 

À l’exception de quelques-uns (Indélogeable, Le monde à l’envers, Les déboires à l’aéroport, entre autres), la plupart des sketchs du Bye Bye étaient bien réussis, mais quelques vulgarités m’ont frisé les oreilles, tout comme le sketch sur la variole simienne qu’aucun diffuseur digne de ce nom n’aurait accepté. Je signale aussi une réplique insultante à l’endroit de Pierre Poilievre, Rogatien (le chauffeur de taxi incarné par Patrick Huard) lançant qu'il parle français comme une balayeuse. C’était d’autant plus choquant que le chef du Parti conservateur (le vrai, celui-là!) venait de s’entretenir avec Jean-René Dufort en très bon français.

Année après année, on se demande si la revue de Dufort ne devrait pas remplacer le Bye Bye. Pour une fraction du coût, Infoman arrive toujours à étonner sans choquer et sans susciter de controverses. Cette année, l’idée de demander à nos personnalités politiques d’accompagner une chorale ukrainienne tenait du génie. Il faudra bien, un jour, reconnaître que l’infatigable Dufort est unique dans le monde de la télévision, le monde d’ici comme le monde d’ailleurs.

Publicité
Publicité