Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, visite Recyclage Lithion
La demande pour le lithium pourrait bondir de 4000%, selon la ministre Joly


Francis Halin
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a effectué vendredi, à Anjou, une visite éclair sous haute sécurité de l’usine de démonstration de Recyclage Lithion, qui a parmi ses actionnaires Québec et General Motors (GM).
« Nous allons vers un monde où les voitures seront propulsées par des batteries électriques », a affirmé d’une voix posée le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, accueilli en français à l’usine quelques minutes plus tôt par la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
Alors que la demande pour le lithium pourrait exploser de 4000 % dans le monde, Ottawa mise 4 milliards $ dans une stratégie de minéraux critiques, a rappelé la ministre du gouvernement de Justin Trudeau.
Après sa visite-express, le numéro 3 de l’Administration Biden a salué la technologie de Recyclage Lithion, qui arrive à récupérer 95 % d’une batterie.
« C’est extraordinaire. Ça crée un cercle vertueux », a affirmé Antony Blinken, qui s’est fait expliquer par le vice-président de Recyclage Lithion, Yves Noël, les principales étapes du processus à quelques endroits clés de l’usine.
À l’une des stations, le secrétaire d’État a blagué en faisant semblant de mettre un pot de lithium de grande valeur dans son veston, mais Yves Noël l’a prévenu, sourire aux lèvres, que ce n’était pas une bonne idée.
« Je ne suis pas certain que vos gars de la sécurité vont vous laisser faire », a-t-il rétorqué en riant. À l’avant et à l’arrière de l’usine, un important dispositif de sécurité de dizaines d’agents en service surveillait chaque geste.
Argent public
En avril dernier, Recyclage Lithion a reçu 22,5 millions $ de Québec (15 millions $ dans le capital-actions et 7,5 millions $ de subvention).
Son actionnaire majoritaire est une compagnie appartenant à ses trois fondateurs. Son deuxième actionnaire est IMM Global Battery Limited (Hong Kong) et son troisième Investissement Québec.
De son côté, General Motors (GM), actionnaire à moins de 10 %, pourra utiliser l’innovation Recyclage Lithion à sa future usine de 500 millions $ de Bécancour. La coréenne Hyundai est aussi partenaire de l’entreprise.
Exploitation et transformation de minéraux (BASF et GM, POSCO), fabrication de véhicules (Lion, Taiga, BRP), recyclage (Recyclage Lithion)... la filière de la batterie québécoise poursuit sa route.
On ignore cependant encore où sera la première usine de Recyclage Lithion, qui traitera jusqu’à l’équivalent de 25 000 véhicules électriques.
« On a déjà identifié un terrain dans la grande région de Montréal. On est en phase de permis pour la première partie : broyage et production de matériaux stratégiques. Si tout va bien, ça sera en opération en juillet », a indiqué vendredi son vice-président Yves Noël.
Après cette première usine de 80 millions $, l’entreprise ambitionne d’en avoir une deuxième de 300 millions dans trois ans.
- Aux États-Unis, en vertu de la Inflation Reduction Act (Loi relative à la réduction de l’inflation), les véhicules électriques équipés de batteries de minéraux recyclés de Lithion fabriqués en Amérique du Nord seront admissibles à un crédit d’impôt total de 7500 $ US.