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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Le saviez-vous? La souffleuse a été inventée par un laitier québécois

Une machine chasse-neige devant l’atelier d’Arthur Sicard sur la rue Bennett à Montréal.
Une machine chasse-neige devant l’atelier d’Arthur Sicard sur la rue Bennett à Montréal. Photo des archives de la Ville de Montréal
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Photo portrait de Gilles Proulx

Gilles Proulx

2022-12-09T00:30:00Z
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Pour nous, nordiques, l’invention de la souffleuse à neige, il y a une centaine d’années, a complètement changé le rapport à l’hiver.

Imaginez ce que pouvait être Montréal ou Québec avant le déneigement mécanique moderne.

On équipait les calèches de skis. Quant à la neige dans les rues, parce que c’était inimaginable de l’enlever, on la tapait. Carrément, on passait un rouleau très lourd dessus afin de la compacter.

Ainsi, la matière blanche n’était plus un obstacle, mais formait une sorte de parquet glissant.

Peu de nous se souviennent de l’expression « Je travaille sur la neige », que disaient les nécessiteux qui jouaient de la pelle pour arrondir leurs fins de mois. De leur côté, il y a cent ans, les trains munis de chasse-neige continuaient leurs courses incessantes. 

Quant au trafic automobile, eh bien... il n’existait pas encore ! Qui avait une auto, en 1922, à part les gens riches ?

C’était avant la grande popularisation de l’automobile. Et les rares voitures à moteur restaient dans leur garage lorsque les rues étaient encombrées de neige. 

Nécessité

On dit que la nécessité est mère de l’invention et ce n’est pas sans surprise si c’est un fils de laitier de Saint-Léonard, exaspéré par la difficulté de livrer ses pintes de lait lorsque la neige bloquait les routes, qui a eu l’idée d’une machine à cracher la neige au loin... loin de la route !

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Inventeur ingénieux, Arthur Sicard (1876-1946) a utilisé le principe de la turbine propre aux moissonneuses-batteuses et a adapté ce procédé à la neige.

En 1925, son premier prototype est accompli... Mais qui voudrait d’un tel monstre chasse-neige ? 

La première souffleuse à neige, conçue en 1925, n’avait pas encore une apparence très moderne.
La première souffleuse à neige, conçue en 1925, n’avait pas encore une apparence très moderne. Photo des archives de la Ville de Montréal

C’est difficile à concevoir de nos jours, mais les villes ne se sont pas lancées sur cette invention révolutionnaire. 

Ne fallait-il pas accepter la fatalité de la neige qui pose son grand manteau calmant sur la vie grouillante des hommes ? 

Un illustre inconnu

La propension humaine à dominer la nature a néanmoins fini par faire triompher les idées de Sicard. Est-ce un hasard si c’est la chic Outremont qui a d’abord acheté une souffleuse Sicard en 1927 au coût de 13 000 $ ? C’était sans doute là où l’on trouvait le plus d’automobiles privées, ces engins de riches.

Cette première souffleuse Sicard a servi jusqu’en 1952... mais déjà son invention et ses milliers de machines avaient conquis le monde nordique.

Sicard a eu une usine à Sainte-Thérèse et, auparavant, un atelier à Ville-de-Maisonneuve, où une rue porte désormais son nom.

Arthur Sicard
Arthur Sicard Photo des archives de la Ville de Montréal

Mais parce qu’il n’y a aucun lien entre l’importance de l’œuvre et la notoriété de son auteur, Arthur Sicard est rapidement devenu, historiquement parlant, un illustre inconnu.

Cet homme qui a réalisé son rêve de livreur de lait d’avoir des routes dégagées a en même temps dégagé la voie pour la normalisation des affaires humaines à l’année. 

Cela dit, chaque hiver, à certains moments, brièvement, la neige retrouve sa majesté paralysante, lorsqu’une bordée massive nous emprisonne sous son linceul, et bloque tout.

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