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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Le sang froid de Poutine

Photo AFP
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Photo portrait de Denise Bombardier

Denise Bombardier

2022-02-26T10:00:00Z
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Depuis les vingt ans que Vladimir Poutine règne sur son pays, les chefs d’État et de gouvernement en Occident ont joué à faire semblant.

Dans les relations internationales, faire semblant relève du lieu commun. Ceux qui gouvernent des pays démocratiques se gardent bien de faire la leçon aux dictateurs et autres tyrans. Pour parler clairement, nos dirigeants pratiquent le cynisme. Car ce ne sont pas les chartes des droits qui les animent d’abord, mais les intérêts économiques, financiers et politiques de leurs propres pays.

En d’autres termes et sans égard à la rectitude politique, les démocrates occidentaux connaissent la fourberie d’interlocuteurs tels Poutine, mais jouent à la comédie du pouvoir afin d’assurer un minimum de stabilité dans le monde.

L’empire soviétique

Or, de tous les potentats, Vladimir Poutine est celui dont la marge de manœuvre est la moins contrainte. Cet homme, que ses homologues occidentaux décrivent comme un psychopathe, un narcissique et un paranoïaque, vit en décalage avec la réalité politique actuelle. Ses repères historiques inventés le ramènent à l’époque de l’empire soviétique.

Cet autocrate russe de presque 70 ans, sans un pli au visage, qui se laisse photographier le torse nu pour afficher ses biceps surdimensionnés, mais qui soumet sa vie intime à une censure bétonnée, porte un regard d’acier sur ses interlocuteurs.

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Poutine n’a jamais accepté la glasnost et la perestroïka, c’est-à-dire l’ouverture et la restructuration de l’Union soviétique à l’époque de Mikhaïl Gorbatchev, ce qui a mené à son effondrement. Encore moins les tentatives plus libérales encore de Boris Eltsine, le premier président de la Fédération de Russie. Poutine aurait été plus à l’aise dans l’entourage de Staline.

Il y a presque vingt ans, je me trouvais en Ukraine. Les souvenirs du régime stalinien y étaient encore vifs. Un diplomate en poste à Kiev m’avait raconté une anecdote connue. Lorsque Staline venait pêcher des esturgeons, les autorités locales s’assuraient que des hommes-grenouilles s’occupent d’accrocher de belles prises à l’hameçon du « Petit Père des peuples », car un jour où ce dernier n’avait pas réussi à sortir un spécimen de l’eau, des organisateurs de la séance de pêche avaient été expédiés en prison.

Descendant idéologique

Poutine est le descendant idéologique de Staline. Il fait assassiner ses adversaires même quand ils séjournent à l’étranger. Il fait envoyer en Sibérie ses contempteurs et fait emprisonner des milliardaires russes qui le défient publiquement.

C’est peu dire qu’il y a des malades parmi les dictateurs qui soumettent leur peuple en les privant de leurs droits et les exécutent au gré de leur humeur.

Vladimir Poutine, on peut le croire, ne reculera que si les dirigeants des pays démocratiques se tiennent debout, faisant preuve de courage et plaçant leurs idéaux démocratiques au-dessus de leurs intérêts du moment.

Mais de nos jours, qui veut mourir pour la liberté ? Surtout lorsque la menace nucléaire habite nos esprits ? Surtout lorsque Trump, ses supporters républicains et la chaîne de télévision Fox News expriment leur admiration pour Poutine plutôt que de se ranger derrière la plus grande puissance libre du monde, les États-Unis et son président, Joe Biden.

Question ? Que serait-il arrivé si Donald Trump avait été réélu ?

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