Le S.O.S de l'Ukraine au monde entier


Josée Legault
Hier, devant le Parlement européen, par visioconférence et sans notes, le président Volodymyr Zelensky a livré un discours historique. Monumental. Gravissime.
Hanté par l’accélération terrifiante de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe de Vladimir Poutine, ses mots ont pris la forme d’un S.O.S. à glacer le sang.
Le regard tourmenté, il implore l’Union européenne d’y intégrer enfin son pays.
« Nous nous battons pour nos droits, pour notre vie et aujourd’hui, pour la survie », a-t-il lancé. « Nous avons prouvé notre force. Que nous sommes au moins les mêmes que vous. Ne nous abandonnez pas. Prouvez que vous êtes avec nous. Ainsi, la lumière vaincra l’obscurité. Gloire à l’Ukraine. »
Dans les faits, son plaidoyer s’adressait à toutes les démocraties. Les nouvelles du front ukrainien sont en effet affolantes. Une colonne de 60 km de blindés russes se dirigeant vers la capitale Kyïv fait craindre un possible massacre.
Des centaines de milliers d’Ukrainiens, surtout femmes et enfants, doivent chercher refuge à l’étranger. Bientôt, ils seront des millions. Au cœur même de Kharkiv, des missiles russes ont détruit la Place de la liberté. Un lieu prisé entre autres par les universitaires et les intellectuels.
Le message de Poutine est ici d’une clarté terrorisante : fini la liberté de penser, de s’exprimer, de fraterniser, d’exister librement. On se croirait sous l’URSS de Staline.
Injustifiable. Intenable. Impardonnable.
En sol ukrainien, malgré même la résistance héroïque de sa population, de son armée et de son président, l’armée russe tue. Et elle tue de plus en plus. D’où le S.O.S. de Volodymyr Zelensky. Le sang de ses compatriotes, même des enfants, coule dans les rues. Tout vacille sous ses yeux.
Que cela se passe dans un pays européen, indépendant, démocratique et pacifique, attaqué brutalement par une autocratie voisine, c’est injustifiable. Intenable. Impardonnable. Les démocraties ont le devoir suprême d’agir.
Il est vrai que devant la bravoure des Ukrainiens, de nombreux États n’ont eu d’autre choix que d’imposer des sanctions contre la Russie d’une dureté sans précédent. Plusieurs envoient des armes.
Devant la puissance de l’armée russe, leurs effets risquent toutefois de se faire attendre. Or, l’Ukraine n’a pas le luxe du temps.
Qui serait le prochain ?
Pour briser un profond sentiment d’impuissance, la mobilisation des populations et de la diaspora ukrainienne s’accélère aussi à vitesse grand V. De partout, y compris au Canada et au Québec, de simples citoyens, ukrainiens ou non, se portent même volontaires pour aller en Ukraine.
C’est du jamais-vu. La raison ? Comme je l’écrivais hier, cette conscientisation massive des États et de l’opinion mondiale, on la doit avant tout au courage exceptionnel du peuple ukrainien et de son président. Ce peuple sert au monde entier une prodigieuse leçon de résistance et de démocratie.
Mais écoutons bien Volodymyr Zelensky. Ce qu’il nous dit est que tout cela ne suffit pas. Que tout cela ne suffira pas. Les Ukrainiens voient bien ce qui se passe.
Pour éviter à la planète le risque d’une Troisième Guerre mondiale si les États démocratiques devaient envoyer leurs militaires contre l’armée de Poutine, ce sont les Ukrainiens qui, jusque dans leur chair, en feront tous les frais.
Comment échapper alors à leur détresse ? Comment ne pas y répondre beaucoup plus fortement encore ? Si l’Ukraine tombe, quel autre pays, quel autre peuple, sera la prochaine victime sacrificielle de Poutine ?