Le Royaume-Uni veut décarboner la City

AFP
Londres | Le Royaume-Uni, qui accueille la conférence climatique COP26 à Glasgow, a annoncé mardi soir son ambition de décarboner la finance britannique en renforçant d'ici 2023 les exigences pesant sur le secteur, dans le cadre de son objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
Londres prévoit d'exiger des institutions financières britanniques et des compagnies cotées qu'elles «publient des plans de transition» détaillés et va élaborer de nouveaux standards d'évaluation de ces plans pour éviter le «greenwashing», selon un communiqué du ministère des Finances.
Le gouvernement britannique compte s'appuyer sur un groupe de travail «composé de dirigeants du secteur, des universitaires, des régulateurs et des groupes issus de la société civile» pour établir ces nouvelles normes, précise le ministère.
La City deviendra ainsi «le premier centre financier au monde à respecter la neutralité carbone», selon le Trésor britannique, qui appelle d'autres pays à s'engager dans cette voie.
«Loin d'être le centre mondial de la finance verte" la City est "un moteur principal de la crise climatique», a réagi Tommy Vickerstaff de l'ONG 350.org. «Le Royaume-Uni a la responsabilité d'empêcher ses banques de faire du profit sur la destruction et de canaliser l'argent vers de vraies solutions.»
Le Chancelier de l'Echiquier Rishi Sunak, qui s'exprimera mercredi à la COP26, doit y annoncer l'engagement de 450 entreprises du secteur mondial de la finance de s'aligner «sur les objectifs de l'accord de Paris, y compris sur l'objectif de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré», indique le communiqué.
Selon le gouvernement britannique, ces entreprises «basées dans 45 pays sur six continents» représentent «plus de 130 000 milliards de dollars - environ 40 % des actifs financiers mondiaux».
«Marge de manœuvre»
Ces engagements seront faits dans le cadre de la «Glasgow Financial Alliance for Net Zero» créée par Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre, envoyé spécial de l'ONU pour le climat et l'un des organisateurs de la COP 26.
Les ONG environnementales ne cessent toutefois de publier des études fustigeant les banques ou sociétés d'investissement notamment britanniques, accusées de continuer à financer les projets liés aux hydrocarbures malgré leurs promesses de verdir leurs activités.
«La transition vers la neutralité carbone est urgente, mais dans l'intervalle, nous savons que nous dépendons dans une certaine mesure d'énergies moins propres», a commenté mercredi matin sur Sky news John Glen, secrétaire d’État au Trésor. Le secteur financier a la capacité de consacrer «des milliers de milliards» à la transition, a-t-il fait valoir.
Les nouvelles règles annoncées par Londres «semblent laisser une grande marge de manœuvre aux institutions financières pour poursuivre leurs activités comme d'habitude», regrette toutefois Rebecca Newsom de Greepeace.
Une étude de WWF et Greenpeace avait estimé en mai que les émissions de CO2 financées par les banques et gestionnaires d'actifs au Royaume-Uni représentaient près du double de celles rejetées par le pays, appelant Londres à exiger plus d'efforts du secteur.
L'étude relevait que ni le gouvernement ni aucun régulateur n'avait «pris de mesures adéquates pour s'attaquer au problème des émissions mondiales financées par les institutions financières privées au Royaume-Uni».
Londres a aussi annoncé mardi soir mobiliser 576 millions de livres pour les marchés émergents, dont 100 millions pour «permettre aux pays en développement d'accéder plus rapidement et plus facilement au financement pour leurs plans climat».