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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Le Royaume-Uni réfléchit à rendre obligatoire la castration chimique pour certains délinquants sexuels

AFP
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2025-05-22T18:11:27Z
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Le Royaume-Uni envisage de rendre obligatoire la castration chimique pour certains délinquants sexuels, afin de réduire le risque de récidive et désengorger des prisons surpeuplées, a indiqué jeudi la ministre de la Justice, Shabana Mahmood.

Ce projet, encore au stade de la réflexion, s'appuie sur une expérimentation lancée en 2022 dans plusieurs établissements pénitentiaires du sud-ouest de l'Angleterre, où des traitements inhibiteurs de libido sont proposés sur une base volontaire.

Cette proposition est l'une des pistes évoquées dans le rapport indépendant sur la détermination des peines contre les délinquants publié jeudi, qui a évalué que le pays manquerait de 9500 places de prison d'ici début 2028.

«Le rapport recommande de poursuivre le projet pilote de traitement médicamenteux pour gérer les troubles problématiques du désir sexuel», a déclaré Shabana Mahmood devant les députés.

«J'irai plus loin avec un déploiement national, qui commencera dans deux régions et concernera 20 prisons. Et j'examine la possibilité de rendre ce dispositif obligatoire», a-t-elle ajouté.

Elle a toutefois précisé que les traitements psychologiques resteraient essentiels, en particulier pour les auteurs motivés davantage par un besoin de pouvoir ou de domination que par un désir sexuel.

Interrogé, le porte-parole du Premier ministre Keir Starmer a souligné que «les preuves scientifiques sont claires sur le fait que les traitements chimiques peuvent être efficaces pour traiter les délinquants dangereux, c’est pourquoi nous étendons leur usage».

Au 31 mars 2025, 14 863 personnes purgeaient une peine de prison pour des infractions sexuelles en Angleterre et au Pays de Galles, soit environ 21% de la population carcérale adulte.

La castration chimique des délinquants sexuels est utilisée dans de nombreux pays, notamment en Pologne, en Russie, en Corée du Sud, en Allemagne et dans plusieurs États américains.

En France, elle fait également partie de l'éventail de traitement qui peut être décidé dans le cadre d'un suivi socio-judiciaire ou d'une libération conditionnelle. Elle est toutefois prescrite par un médecin, et non par les juridictions pénales.

Mais la proposition du gouvernement travailliste suscite de vives critiques.

Pia Sinha, directrice de l'ONG Prison Reform Trust, a mis en garde sur les «considérations éthiques évidentes» soulevées par l'imposition d'un tel traitement.

Pour l'avocat pénaliste Marcus Johnstone, «cela ne réglera rien sur le long terme» s'il n'y a pas davantage de financements pour l'accompagnement psychologique des délinquants sexuels.

Le rapport britannique recommande également la création de tribunaux spécialisés pour les violences domestiques ou encore l'élargissement du recours au bracelet électronique pour les auteurs de violences contre les femmes.

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