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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Le roi... pour se défendre contre Trump

Charles lira le discours du Trône, ce qui irrite bien des Québécois qui ont voté pour Mark Carney

Photo AFP
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Photo portrait de Guillaume St-Pierre – analyse

Guillaume St-Pierre – analyse

2025-05-03T04:00:00Z
2025-05-03T12:03:14Z
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OTTAWA | Mark Carney s’est assuré que personne ne le confondrait avec Justin Trudeau, en portant les habits de... Stephen Harper lorsqu’il a invité le roi Charles au Canada à la fin du mois de mai.

Justin Trudeau était proche de la monarchie, particulièrement de la reine Élizabeth II. Mais lorsqu’il est question d’identité, le sceau monarchique appartient incontestablement aux conservateurs.

C’est pourquoi il est fort intéressant que M. Carney ait choisi d’inviter le roi Charles à prononcer le discours du Trône à la fin mai, plutôt que la gouverneure générale Mary Simon.

Il s’agira d’une première depuis 1977, quand Pierre Elliott Trudeau avait invité Élizabeth II.

La dernière fois où un monarque britannique a lu le discours du Trône était en 1977 par la reine Élizabeth, invitée à Ottawa par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau.
La dernière fois où un monarque britannique a lu le discours du Trône était en 1977 par la reine Élizabeth, invitée à Ottawa par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau. Photo d'archives, Getty Images

La manœuvre, qu’on peut assurément qualifier de politique, vise avant tout à prouver notre souveraineté face aux menaces annexionnistes de Donald Trump.

«C’est un message très clair par rapport aux autres pays à travers le monde, et c’est un honneur», a-t-il lancé en conférence de presse, hier.

Mais la surprenante décision ne fera pas que des heureux, à commencer par des Québécois qui ont prêté leur vote à M. Carney pour se protéger de Trump.

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Les libéraux ont obtenu, avec 43 sièges, leur meilleure récolte au Québec depuis l’époque de Pierre Elliott Trudeau. On peut imaginer qu’une tonne de nationalistes et de souverainistes leur ont donné leur vote.

«Mark Carney, pour porter les attributs de la souveraineté canadienne, invite un monarque étranger à inaugurer la législature dont il sera premier ministre. Étrange», a commenté le Bloc Québécois.

Malaise

Plusieurs électeurs au Québec se feront assurément la même réflexion, mais aussi des Canadiens qui ont une relation compliquée avec la monarchie.

Ce malaise potentiel des Québécois n’était visiblement pas sur le radar de M. Carney, qui a semblé surpris de se faire demander comment il croyait que l’invitation serait reçue au Québec.

«Quand je suis devenu premier ministre la première fois, j’ai mentionné qu’il y avait des peuples fondateurs du Canada. Les peuples autochtones, le peuple français et le peuple anglais. Alors, ça indique les fondations de notre nation, de la nation canadienne», a-t-il fini par clarifier.

Mais au-delà des remous que l’invitation risque de provoquer au Québec, la décision est habile.

D’une part, M. Carney joue dans les talles du Parti conservateur, ce qui pourrait l’aider à se positionner pour la suite, en assumant le recentrage du PLC, même si cela fera sourciller au Québec.

Mais surtout, il fallait voir le visage de Donald Trump, tout sourire, lorsqu’il a reçu son carton d’invitation pour une visite d’État au Royaume-Uni portant la signature du roi.

Le faste et la puissance qu’incarne la monarchie l’impressionnent.

Il n’y a pas de mal à lui rappeler que le Canada possède un lien privilégié avec notre allié européen, quitte à évoquer notre propre subordination en lançant ce SOS à la monarchie.

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