Le «roi du Xanax» plaide son autisme pour éviter l’extradition aux États-Unis


Michael Nguyen
Le Montréalais accusé d’avoir été un mégatrafiquant de Xanax aux États-Unis a joué son va-tout pour éviter l’extradition, en plaidant coup sur coup son autisme, l’incertitude de la peine maximale qu’il risque face à la justice américaine, ainsi que la Charte canadienne des droits et libertés.
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«Une extradition [...] sera hautement préjudiciable et entraînera des conséquences irréversibles pour la santé physique et mentale d’Alexandre Beaudry», peut-on lire dans la requête déposée au palais de justice de Montréal.
Détenu au Québec depuis juin dernier, Beaudry, 32 ans, espère ainsi bloquer son transfert dans l’État du Connecticut, qui l’accuse d’avoir inondé le pays d’opioïdes en vendant du Xanax de contrebande et du fentanyl, entre 2015 et 2017. Sous des alias tels qu’AlpraKing, Quantik, et BenzoChems, il aurait écoulé assez de drogue pour amasser une fortune en cryptomonnaie.
Selon les autorités, il aurait accès à 54 M$ pour financer une cavale, s’il réussissait à fuir la justice.
Contestation tous azimuts
Or, Beaudry a plutôt choisi de contester la demande d’extradition, dans l’espoir de ne jamais être envoyé aux États-Unis. Il s’est adjoint les services des avocats d’expérience Mes Alexandre Bergevin, Michelyne C. St-Laurent et Kaven Morasse.
Et selon ces avocats, il est impératif que la Cour supérieure bloque le processus d’extradition.
C’est qu’en plus du fait que son autisme rende sa détention particulièrement difficile, la preuve contre lui n’est pas suffisante, plaident les avocats.
«La preuve de l’identité de la personne impliquée dans les transactions relatées est fortement contestée», peut-on lire dans l’une des requêtes déposées par Beaudry.
C’est que pour trouver le mégatrafiquant allégué, la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine a dû recouper de nombreuses informations. Parmi elles, une publication sur le site Reddit, attribuée à Beaudry, où il s’est vanté d’être «responsable de l’épidémie de Xanax en Amérique».
Trahi par son pendentif
La DEA avait ensuite identifié Beaudry après que ce dernier a été agressé chez lui, possiblement par des gens cherchant à lui soutirer les mots de passe de ses portefeuilles garnis en bitcoins. Quand la police de Montréal l’avait secouru, il portait un pendentif au logo similaire selon les autorités américaines à celui qu’il aurait utilisé pour faire la promotion de sa drogue sur le web obscur.
Évoquant la possibilité que de la preuve ait été recueillie illégalement, Beaudry exige d’obtenir davantage d’informations.
«Les fouilles, saisies et perquisitions effectuées à son domicile sans autorisation judiciaire font donc planer un doute juridique sérieux d’une violation de ses droits», a plaidé Me Bergevin ce mardi.
Il compte aussi s’attaquer à certains pans de la Loi sur l’extradition, inconstitutionnels, selon lui.
Sans surprise, le procureur général du Canada, qui agit pour les États-Unis, compte plaider que Beaudry devrait bel et bien être extradé et que la loi a été respectée.
Les audiences, devant le juge Mario Longpré, devraient s’étaler sur plusieurs jours.
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